Le présent mémoire porte avant tout sur les rôles que prend la musique dans la construction de l’identité des jeunes qui en consomme beaucoup. D’abord un sujet d’étude populaire au cours des années 1990 et 2000, la question de la musique et de l’identité est ensuite retombée dans l’ombre. Une vingtaine d’années plus tard, nous remarquons d’importantes transformations dans l’industrie de la musique, ainsi qu’au niveau des parcours identitaires des jeunes. En s’appuyant sur la littérature du tournant du siècle, nous tentons alors de mettre en lumière comment s’articulent les usages identitaires de la musique dans un contexte d’abondance et d’omniprésence de la musique où les jeunes sont appelés à « être eux-mêmes », une individualisation normée et généralisée.
À l’aide d’une approche cognitive du développement de l’identité, nous adoptons dans le cadre de notre recherche une vision holistique de l’identité qui ne la divise pas en différentes composantes. Plutôt que de considérer l’identité personnelle et l’identité sociale séparément, nous adoptons la conception d’un continuum qui unit un pôle réflexif et un pôle social, sur lequel chacun déploie un amalgame unique de procédés identitaires. Parmi nos participants, nous avons également distingué trois profils identitaires, les introspectifs, les observateurs et les explorateurs, qui prennent place sur ce continuum en se distinguant notamment par les sources desquels ils tirent des informations sur eux-mêmes. Cette recherche s’appuie sur 15 entrevues semi-dirigées conduites auprès de jeunes étudiants fréquentant les cégeps du grand Montréal. Au cours de ces entrevues, les participants ont notamment partagé leurs parcours identitaires, leurs pratiques musicales, ainsi que la place qu’occupe la musique dans leur vie et dans leur conception d’eux-mêmes. Au travers de notre analyse, nous décelons des relations changeantes à la musique, surtout au niveau des répertoires qui prennent de l’ampleur, et des moments d’écoutes, qui se font de plus en plus fréquents. Nous observons également que les participants font des usages différents de la musique en fonction de leur profil identitaire. Ainsi, la musique intervient surtout au niveau de la réflexion, de l’analyse de soi et de ses émotions chez notre profil introspectif, tandis qu’elle intervient plutôt au niveau des appartenances chez les observateurs, et au niveau de l’exploration chez les explorateurs. Finalement, nous observons des logiques changeantes au niveau du reflet de soi par la musique, et proposons le concept de « cartographie de soi » pour substituer au concept bien connu de « badge identitaire » proposé par Simon Frith. / This thesis focuses on the roles that music can play in the identity construction of young listeners who consume it at high levels. While initially a popular topic of study during the 1990s and 2000s, the topic of music and identity has since lost its steam. Twenty years later, we are noticing important transformations in the music industry, as well as in the area of identity construction among the youth. Drawing on this turn-of-the-century literature, we attempt to shed light on how identity-related uses of music are articulated in a context of abundance and omnipresence of music where young people are also called upon to be themselves, in a context of normalized and generalized individualization.
Using a cognitive approach to identity development, our research takes a holistic view of identity that avoids dividing it into different components. Rather than considering personal identity and social identity, we adopt a continuum that joins a reflexive pole and a social pole, on which each deploys a unique amalgam of identity processes. Finally, we also distinguish three identity profiles among our participants, the introspectives, the observers, and the explorers, who distinguish themselves by the sources from which they draw information about themselves. This research is based on 15 semi-structured interviews conducted with young students attending CEGEPs in the greater Montreal area. During these interviews, the participants shared their identity pathways, their habits of music consumption, as well as the place of music in their lives, and their concept of self. Our analysis reveals changing relationships to music, especially in terms of repertoires which are becoming more extensive and listening times which are becoming more frequent. We also observe that the identity profiles use music differently, notably at the level of reflection, self-analysis, and emotions for our introspective profile, music intervenes at the level of belonging and identification for the observers, and the level of exploration for the explorers. Finally, we observe changing logic at the level of self-reflection through music and propose the concept of self-mapping to substitute Simon Frith's identity badge.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28031 |
Date | 08 1900 |
Creators | Gagné, Juliette P. |
Contributors | Sirois, Guillaume |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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