L’objectif de cette étude est de saisir une image des éléments explicitement reconnaissables de la recherche en communication visibles dans les revues savantes Canadian Journal of Communication et dans Communication de 1974 à 2005. Il s’agit d’une analyse bibliométrique des articles publiés par les chercheurs d’institutions canadiennes et de leurs références bibliographiques. La bibliométrie est « l’application de méthodes statistiques aux livres et aux autres moyens de communication » (Pritchard, 1969: 348-349). C’est la première fois qu’une analyse de ce type est tentée dans ce corpus particulier.
Nous nous sommes appuyés sur des postulats théoriques provenant de la sociologie des sciences et des études en communication scientifique. L’idée maîtresse est la suivante : l’activité scientifique est un « continuum de création de nouvelles connaissances » (Vassallo, 1999), dont l’organisation est basée sur l’échange d’information (Price, 1963; Crane, 1972), qui se traduit en reconnaissance sociale, en autorité scientifique, et constitue un investissement pour l’acquisition de crédibilité (Merton, 1938; Hagstrom, 1965; Bourdieu, 1975; Latour et Woolgar, 1986).
À partir de l’analyse des articles, nous identifions s’ils sont le résultat de recherches empiriques ou fondamentales, ou le produit d’une réflexion critique. Il s’agit aussi de détecter les approches méthodologiques et les techniques d’investigation utilisées, ainsi que les sujets qui y sont abordés par les chercheurs. Nous détectons également les principaux lieux de recherche (universités et types de départements). Nous analysons aussi les thématiques des articles. Enfin, nous analysons des références bibliographiques des articles afin de cerner les sources d’idées qui y sont décelables. Notre corpus principal comporte 1154 articles et 12 840 titres de documents en référence.
L’analyse bibliométrique des articles révèle ainsi une recherche canadienne en communication d’emblée qualitative, intéressée pour les spécificités historiques, le contexte social et la compréhension des interrelations sous-jacentes aux phénomènes de communication, en particulier, au Canada et au Québec. Au cœur de ces études se distingue principalement l’application de l’analyse de contenu qualitative dans les médias en général. Cependant, à partir de 1980, l’exploration du cinéma, de l’audiovisuel, des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi que la multiplication des sujets de recherche, annoncent un déplacement dans l’ordre des intérêts. Communication et le CJC, se distinguent cependant par l’origine linguistique des chercheurs qui y publient ainsi que dans les thématiques.
L’analyse des références bibliographiques, et de leurs auteurs, met en relief l’intérêt partagé des chercheurs d’institutions universitaires canadiennes pour les agences de réglementation et les politiques gouvernementales canadiennes s’appuyant souvent sur l’analyse de documents législatifs et de rapports de diverses commissions d’enquête du gouvernement canadien. L’analyse révèle aussi les principales inspirations théoriques et méthodologiques des chercheurs. Parmi les plus citées, on voit Innis, McLuhan, Habermas, Tuchman, Bourdieu, Foucault, Raboy, et Rogers. Mais ces références évoluent dans le temps. On voit aussi une distinction relativement claire entre les sources citées par la recherche francophone et la recherche anglophone. / The aim of this study is to obtain an image of the recognizable elements of communication research visible in Canadian Journal of Communication and Communication from 1974 to 2005. This is a bibliometric analysis of the scientific papers and their bibliographies published in these journals by researchers from various Canadian Universities. Bibliometry is "the application of mathematics and statistical methods to books and other media of communication" (Pritchard, 1969). This is the first time that such analysis is attempted with this particular corpus.
We based ourselves on theoretical postulates from the sociology of science and scientific communication studies, that indicate that the scientific activity is a « continuum de création de nouvelles connaissances » (Vassallo, 1999), where the organisation is based on the exchange of information (Price, 1963; Crane, 1972), and is in turn translated in social recognition, scientific authority, and is an investment to acquire credibility (Merton, 1938; Hagstrom, 1965; Bourdieu, 1975; Latour et Woolgar, 1986).
Based on the article analysis, we can identify if they are empirical, theoretical or methodological researches. We can also detect the scientific methods applied by the researchers and their objects of study. Likewise, we observe the most common places to do research (universities and departments). Finally, we do a citation analysis to find the most important sources used by the researchers. Our corpus includes 1154 articles and 12 840 titles of referenced documents.
The bibliometric analysis of the articles published in Canadian Journal of Communication and Communication from 1974 to 2005 shows that the Canadian communication research is qualitative in essence, interested in the historical particularities, the social context and the understanding of the underlying interrelations of the communication phenomenon, especially in Canada and Quebec. The application of content analysis to the media in general is dominant. However, since 1980, the exploration of cinema, audiovisual, internet and the multiplication of objects of study foreshadow the move in the research communication agenda in Canada. Communication and the CJC, however, differ by their thematics, and by the linguistic origin of the researchers who publish in them.
The citation analysis shows the shared interest of researchers from different Canadian universities for regulatory agencies and Canadian government policies, which is often based on content analysis of legislative documents and reports of various commissions of inquiry of the Canadian government. The citation analysis also reveals the most importat theoretical and methodological research influences. Among the most cited, we see Innis, McLuhan, Habermas, Tuchman, Bourdieu, Foucault, Raboy, and Rogers. But these references are evolving over time. We see as well as the distinctions between French and English Canadian communication research traditions.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/4911 |
Date | 08 1900 |
Creators | Ramírez y Ramírez, Karla Margarita |
Contributors | Martin, Claude, Arsenault, Clément |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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