Les écrivains d’avant-garde des années 1970 (P. Guyotat, D. Roche, P. Sollers, C. Prigent...), souvent qualifiés d’illisibles, présentent de nombreux points communs tant dans leur pratique stylistique que dans leurs conceptions du langage. Si le « textualisme » de la seconde moitié des années 1960 ainsi que le « post-modernisme » du début des années 1980 sont bien connus, les expérimentations verbales de 1965-1985 sont peu étudiées dans leur spécificité et leur cohérence. Ce travail, qui s’appuie sur un corpus d’auteurs gravitant autour de trois revues (Tel Quel, Change et TXT) et de textes aussi bien théoriques que littéraires, entend donc prouver la consistance d’une langue littéraire propre à l’avant-garde d’une période que l’on pourrait qualifier de « post-structuraliste », héritant du structuralisme mais le déplaçant vers des enjeux plus littéraires. Cette langue littéraire ne saurait être envisagée sans être mise en relation avec l’imaginaire linguistique de l’époque – une pensée de la langue – dont les principales caractéristiques sont d’une part la conscience du caractère réducteur de la langue nationale et d’autre part la remise en question de la linguistique saussurienne. L’obscurité des textes, la déconstruction de la syntaxe et du lexique, la multiplication des néologismes ou des jeux de mots qui, en apparence, portent atteinte à la langue française, illustrent en réalité une volonté de panser la langue, de l’enrichir par la mise en valeur du signifiant, par l’emprunt aux langues étrangères ou encore par le rythme. L’œuvre de Guyotat, en particulier, condense ces enjeux, articulant un imaginaire de la langue et un travail langagier tout à fait singuliers. / The Francophone avant-garde writers from the 1970s (P. Guyotat, D. Roche, P. Sollers, C. Prigent...), often said to be unreadable, are quite similar both in their stylistical praxis and in their conception of language. If the “textualism” from the late 1960s and the “post-modernism” of the early 1980s are rather well-known, the verbal experimentations of the 1965-1985 period have not been much studied as a specific and coherent whole. This work, based on a corpus of authors linked to three journals (Tel Quel, Change and TXT) and on literary as well as theoretical texts, wishes to prove the consistency of the specific literary language shared by the avant-garde of a time that could be labelled “post-structuralist”, i.e. inheriting from structuralism but focusing more on literary issues. This literary language cannot be analyzed without taking into account the linguistic imaginary of the time, i.e. how language was thought. That linguistic imaginary is mainly characterized by a consciousness of how reductive the national language is and by questioning Saussure's linguistics. The obscure texts, the deconstructed syntax and lexicon, the multiple neologisms and puns, which seem to violate the French language, actually illustrate a desire to improve the language (and not only to think it), to enrich it by emphasizing the signifier through borrowed foreign words or rhythms. The work of Guyotat particularly condenses these issues as it articulates most singular linguistic imaginary and work on language.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SORUL019 |
Date | 30 January 2018 |
Creators | Drigny, Juliette |
Contributors | Sorbonne université, Murat, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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