Depuis les années 2000, les « violences faites aux femmes » (VFF) font l’objet d’un traitement
politique sans précédent. Cette publicité, fruit des luttes et des revendications féministes, est aussi
le produit d'une histoire institutionnelle qui fait l'objet de cette recherche. Cette thèse porte sur les
évolutions de l'encadrement étatique de la protection des victimes de violences de genre depuis les
services d'aide proposés au sein même des groupes des tiers secteurs. Elle analyse ainsi comment
les « coûts » des politiques de protection de lutte contre les VFF reproduisent du genre. Ces
politiques sont analysées à travers une réflexion matérialiste sur la « protection institutionnalisée »
(Brown, 1995) et en pensant le travail associatif/communautaire autour des violences avant tout
un travail de soin. Trois niveaux d’analyse y sont explorés : celui des politiques publiques, celui,
intermédiaire des relations entre l’État et les groupes des tiers secteurs, et celui plus sensible des
pratiques de travail d’intervention. Cette recherche repose sur les monographies de quatre
associations et organismes communautaires d’accompagnement des travailleuses du sexe et d’aide
aux femmes victimes de violence conjugale en France et au Québec. La démarche méthodologique
combine des entretiens sous forme de « récits de pratique » avec les intervenant·es et les directions
de ces organisations et une analyse documentaire des politiques qui encadrent leur travail. L’angle
des financements montre que les organismes sont utilisés comme des instruments de mise en oeuvre
des politiques publiques. La comparaison met en lumière différentes stratégies et réponses des
organismes. Cette dépendance contraint aussi le travail d'intervention dont la charge administrative
s'alourdit et tend à réduire la part de soin pourtant inhérente à la relation d'aide. Ensuite, la thèse
montre que l'institutionnalisation des politiques de lutte contre les VFF s'accompagne d'une mise
sous contrainte des droits à l'aide et à la protection. Si la mise à l’agenda politique des violences de
genre est le fruit de plus larges revendications contre le poids du mariage et le contrôle de la sexualité
des femmes, lorsqu’elles sont intégrées dans le langage de l'action publique, sa définition tend à se
resserrer sur des notions de risque social ou de crime. / Since the 2000s, “violence against women” (VAW) has raised political interest on an
unprecedented scale. This exposure is the result of feminist demands and struggles. But it is also
the result of an institutional history which is at the heart of this research. The focus of this thesis
is the expanding role of the state in regulating the protection of gender-based abuse victims. The
research takes the standpoint of social services within nonprofit organizations. It analyzes the costs
of VAW protection policies and how they reproduce gender oppression. These policies are
analyzed through a materialist reflection on “institutionalized protection” (Brown, 1995) and by
considering nonprofit work with victims first and foremost as care work. This thesis provides three
levels of analysis: public policies, the relations between the State and nonprofit organizations, and
finally, on a more tangible level, I analyze social work practices. This research is based upon the
monographs of four non-profit organizations: supporting sex workers and assisting women victims
of domestic abuse in France and Quebec. From a methodological perspective, this research
combines narrative interviews of the organizations’ workers and head of staff, with a literature
review of policies governing their work. The study of funding shows that nonprofit organizations
are used as tools to implement public policies. The comparison highlights different strategies and
differentiated responses from organizations. Organizations’ reliance on public funding restrains
social work. The administrative burden limits the part of care pivotal to social work. The thesis
demonstrates further that institutionalization of policies on VAW leads to a restriction of the rights
to assistance and protection. Political awareness of gender-based violence falls within broader
reassessments of issues such as marital pressure and the policing of women’s sexuality. But when
it comes to state action, it tends to be conflated to social risk and crime.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28332 |
Date | 04 1900 |
Creators | Leboucher, Marion |
Contributors | Dufour, Pascale |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0029 seconds