La thèse propose une analyse sociologique des expériences de la séropositivité au VIH des homosexuels masculins, à l’heure de la mise en indétectabilité biologique du virus dans leurs corps. La conduite d’une enquête longitudinale durant les deux premières années suivant le diagnostic médical mêlant essentiellement des entretiens biographiques répétés avec ces hommes, et des observations multi-situées au sein des différents espaces qu’ils fréquentent et traversent – les Services des Maladies Infectieuses et Tropicales des hôpitaux ; des associations liées au VIH-sida et/ou communautaires Lesbiennes, Gay, Bi et Transexuelles ; des espaces de sociabilités homosexuelles ; la sphère privée : amicale, familiale et liée au couple –, permet de saisir les formes plurielles d’appropriation de la séropositivité. Aussi, la notion de carrière permet d’analyser la façon dont les histoires individuelles de ces hommes s’articulent à l’expérience de l’institution VIH et à ses dispositifs, à la fois dans et hors les murs de l’hôpital. De la culpabilisation au rachat, en passant par la responsabilisation, à partir d’un même itinéraire moral se dessinent différents devenirs séropositifs, en fonction des ressources et dispositions sociales et morales des enquêtés. La thèse montre les processus de transformations subjectives qui s’opèrent chez ces hommes, travaillés par des enjeux moraux mouvants et divergents liés essentiellement à la responsabilisation homosexuelle, pour se racheter et/ou changer. La séropositivité au VIH fait l’objet d’une socialisation spécifique, marquée par un processus de disqualification. L’expérience de cette disqualification sociale, à la fois biologique et morale, où le corps est désormais subordonné à la surveillance et au pouvoir biomédical, vient aussi troubler les dispositions genrées. Dans ce cadre, les devenirs séropositifs sont le produit de l’articulation des socialisations à la séropositivité et de celles antérieures, notamment en termes de morale et de genre. Ils sont également liés à la façon dont ces hommes ont construit leur engagement puis leur carrière homosexuelle, participant à une recomposition des masculinités lors du processus de socialisation à la séropositivité. La thèse conduit in fine à un éclairage du fonctionnement de l’institution VIH en France, des caractéristiques de ses dispositifs, et des tenants normatifs et/ou moralisateurs des biotechnologies et de l’usage de la biochimie se généralisant dans la discipline des corps et la surveillance en santé publique. / The thesis proposes a sociological analysis of gay men’s experiences of HIV, in the time of biological undetectability of the virus in their bodies. The conduct of a longitudinal survey during the first two years following the medical diagnosis, which essentially involves repeated biographical interviews with these men, and multi-site observations within the different spaces they use and cross - the Infectious Diseases and Tropical hospitals; HIV / AIDS and/or LGBT NGOs; spaces of gay sociability; private sphere: friends, family and couple, allows us to grasp the plural forms of appropriation of their HIV status. The concept of career helps us to analyze how the individual stories of these men articulate with the experience of the HIV institution and its devices, both within and outside the walls of the hospital. From guilt to empowerment, through accountability, from the same moral itinerary emerge different HIV-positive outcomes, depending on the resources and social and moral dispositions of the respondents.The thesis shows the processes of subjective transformations that take place among these men, facing changing and divergent moral issues linked essentially to homosexual responsibility, to redeem themselves and / or change. HIV positivity is the subject of a specific socialization, marked by a disqualification process. The experience of this social disqualification, both biological and moral, where the body is now subordinated to biomedical surveillance and power, also disturbs the gendered dispositions. In this context, HIV-positive outcomes are the result of HIV socializations articulated to previous ones, in particular in terms of morality and gender. They are also linked to how these men built their commitment and then their homosexual career, participating in a redefinition of masculinities during the process of HIV socialization. The thesis eventually highlights the HIV institution works in France, the characteristics of its devices, as well as the normative and / or moralistic impacts of biotechnologies and use of biochemistry that have generalized in the discipline of bodies and public health surveillance.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017MONTS010 |
Date | 09 November 2017 |
Creators | Perez, Mélanie |
Contributors | Montpellier, Ferez, Sylvain, Marcellini, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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