La Révolution a longtemps donné l’image d’un trou noir au milieu de l’histoire littéraire, jugement que la recherche s’attache à reconsidérer depuis quelques décennies. L’étude de la carrière de Marie-Joseph Chénier (1764-1811), poète tragique renommé en son temps et frère cadet d’André Chénier, permet de mieux comprendre les continuités et les ruptures qui l’ont traversée. Entré dans le monde des lettres durant les dernières années de l’Ancien Régime, Chénier se fait soudain connaître à l’automne 1789 avec une pièce créée après un long affrontement contre la censure, Charles IX, qui met la liberté artistique, et singulièrement celle du théâtre, au centre des événements politiques. La scène semble devoir garantir à l’écrivain une influence sans précédent. Chénier tente ainsi au fil de ses tragédies suivantes d’accompagner l’évolution de la Révolution, non sans distance critique, tout en s’engageant dans la vie publique, d’abord chez les Jacobins, puis à la Convention. Il deviendra une figure importante des institutions culturelles, notamment grâce aux hymnes qu’il compose pour la quasi-totalité des fêtes révolutionnaires entre 1790 et 1795. Marqué personnellement par la Terreur, Chénier met sa vocation dramatique entre parenthèses après le 9 Thermidor. Il délaisse alors les lettres pour s’investir de manière prioritaire dans la reconstruction culturelle et politique de la République post-montagnarde. La réputation du poète, objet de haines politiques tenaces, en souffrira durablement. Son parcours est ainsi représentatif des transformations qui touchent le statut et l’action d’un homme de lettres sous la Révolution, tout comme des obstacles d’un nouveau genre auxquels il se heurte. / For a long time, the French Revolution has been seen as a black hole in the universe of literary history, a vision that scholars have yet been reconsidering in the past decades. The study of the literary career of Marie-Joseph Chénier (1764-1811), a tragic poet reputed in his time and the younger brother of André Chénier, offers the possibility for a better understanding of the many ruptures and continuities that the period underwent. Marie-Joseph Chénier enters the literary world at the very end of the Ancien Régime and unexpectedly makes himself a name in the fall of 1789 with a theatre play that he succeeds in putting on stage despite censorship: Charles IX, a tragedy in which he places artistic freedom and more specifically that of theatre at the heart of political events. The stage seems due to secure the author an unprecedented influence. Chénier attempts in this context to accompany in his later tragedies the evolution of the Revolution albeit not without some critical distance and together with an involvement in public life, first among the Jacobins then within the Convention. He thus becomes an important figure of the cultural institutions of his time notably through the anthems that he composes for nearly all the revolutionary festivals between 1790 and 1795. The events during the Terror have a lasting personal impact on Chénier who then decides to mark a pause in his theatrical vocation after 9 Thermidor. He abandons the literary world and focuses on the cultural and political reconstruction of the new Republic that follows the fall of the Montagnards. Chénier is subjected to tenacious political hatred that will lastingly affect his reputation as a poet. To that respect his life and career are representative of the transformations that inform the status and work of a man of letters under the Revolution. They also illustrate the new kinds of obstacles met by authors in that period.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SORUL144 |
Date | 27 November 2018 |
Creators | Ambrus, Gauthier |
Contributors | Sorbonne université, Frantz, Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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