Les études qui entreprennent d’évaluer la place de la maladie dans les romans de Dickens et Collins adoptent souvent le point de vue du médecin, montrant comment leurs peintures de la maladie constituent des diagnostics scientifiquement exacts. Or la médecine est d’abord un discours sur la maladie : diagnostiquer les personnages des romanciers reviendrait donc à considérer la grille de lecture médicale comme outil d’analyse valable pour évaluer la maladie dans leur œuvre. Cette thèse se propose d’interroger la pertinence d’une telle grille de lecture, qui semble anachronique [ce discours se construit tout au long du XIXe siècle, il n’est donc pas constitué au moment où les deux romanciers écrivent]. Il s’agit de comprendre comment le discours médical s’est imposé au fil du XIXe siècle : pour dire et écrire la maladie, la médecine s’est inspirée d’autres types de discours, et en premier lieu celui du roman, qu’elle a utilisé pour tenter de prendre place dans les esprits victoriens. Après avoir établi les conditions dans lesquelles est né ce nouveau discours normatif, cette thèse analyse la relation de Dickens et Collins avec ce discours. Conscients que les médecins tentent de passer d’un art à une science positive, les deux romanciers semblent se méfier des nouvelles catégories nosographiques et méthodes cliniques. Nous sommes alors fondés à lire leurs romans non plus seulement comme des documents qui questionnent la pathologie scientifique, mais aussi comme des prismes d’autres imaginaires du corps malade. L’étude de leur œuvre dévoile ainsi les soubassements imaginaires de la nouvelle médecine, mais aussi l’esthétique du morbide propre à chacun des deux auteurs. / Studies concentrating on the value of disease in novels by Collins or Dickens often adopt a medical point of view, showing that the novelists depict illness with the eyes of trained clinicians, offering surprisingly precise case studies and diagnoses. This approach sheds light on some episodes; yet, the “medico-realists” seem to overlook that by viewing literature through a medical prism, they are using the tools and rationale of a constructed discourse. Pathology, which is the science that studies the disease and not the disease itself, was created all long the 19th century. Viewing the novelists’ treatment of disease only through the filter of pathology gives a reductive image of the way they understand morbidity. This research aims at deconstructing the medical discourse, and at showing how, to take up Dickens’s words, “for theories, as for organised beings, there is also a Natural Selection and a Struggle for Life”, which str! uggle scientific medicine has apparently won. Doctors have used other types of discourse to create their own, and in so doing, novels have been a great source of inspiration. After positing that medicine creates a myth of positivism, this study goes on to analyse the way Dickens and Collins considered the rise of this new field. Unlike what medico-realists seem to take for granted, the novelists did not subscribe to the new medical methods and even denied understanding disease according to pathological categories. Their use of diseases unexpectedly unveils the way doctors wrote and imagined disease. Studying Dickens’s and Collins’s ways of conceiving pathology offers insight into the imaginary origins of a burgeoning science.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA030136 |
Date | 12 December 2009 |
Creators | Cadwallader-Bouron, Delphine |
Contributors | Paris 3, Topia, André |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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