Cette étude vise à aborder la culture des clercs séculiers en Savoie du XVIIIe siècle à 1860, date du rattachement de la Savoie à la France. Une première partie s’intéresse à la circulation des livres des ecclésiastiques. Elle décrit l’utilisation des manuels lors des études au collège chappuisien d’Annecy, puis dans les séminaires et les différentes universités, mais encore lors des conférences et des retraites ecclésiastiques. Par ailleurs, les livres sont achetés, prêtés à des collègues ou à des laïques, comme l’attestent de trop rares livres de raison retrouvés. Ce sont les testaments qui montrent que les bibliothèques, longuement constituées par héritages, achats tout au long d’une vie, sont ensuite le plus souvent transmises à des membres de la famille également hommes d’Eglise ou dispersées au profit de l’évêque, d’un vicaire ou de différentes institutions, ce qui prouve l’existence de réseaux intellectuels. Les livres relient donc le monde des morts au monde des vivants. La deuxième partie montre qu’ils sont aussi au cœur des débats intellectuels, ce qui explique que leur diffusion soit contrôlée par les autorités religieuses. Les livres sont ainsi au centre des réflexions concernant le protestantisme, le jansénisme, le mouvement des Lumières, l’épisode révolutionnaire de 1792, puis des enjeux de la modernité du XIXe siècle. La Savoie, frontière de catholicité, apparaît alors comme un relais original dans les processus de maturation et de diffusion des idées entre le royaume d’Italie, la France et l’Europe. La troisième partie propose à partir d’un corpus de bibliothèques, essentiellement du XVIIIe siècle, complété par des legs faits au XIXe siècle au grand séminaire de Chambéry, une classification des lecteurs comprenant différents types de desservants, des chanoines et des évêques. En croisant les différents centres d’intérêts en rapport avec la théologie et les sciences profanes, des identités cléricales se dessinent, des facteurs de cohésion, des signes de curiosité intellectuelle apparaissent et montrent que le clergé séculier savoyard est à la fois dépositaire et diffuseur auprès des fidèles d’une culture élargie et qu’il n’est pas à l’écart des évolutions de son époque. / The aim of the following study is to tackle the notion of knowledge and culture among Savoie’s secular clergy, from the 18th century to 1860, when Savoie was annexed by France. The first part focuses on the circulation of clergymen’s books. It depicts the way books are used by scholars at the Collège Chappuisien of Annecy, then in seminaries and different universities, as well as for lectures or ecclesiastical retreats. Besides, books are bought, passed on to colleagues and laymen, as one can learn from the very few commonplace books left. One can read in wills how libraries, whose volumes have been inherited or purchased over the years, are , most of the time, subsequently transmitted to relatives that are men of the cloth too, or scattered to the benefit of bishops, vicars or different institutions, which tends to prove the existence of intellectual networks. Books can thus be said to connect the world of the dead to that of the living. The second part shows that they are also at the very heart of intellectual debates, which explains why their circulation was controlled by religious authorities. Books are thus central points of reflection over Protestantism, Jansenism, the Enlightenment, the 1792 revolutionary episode and eventually what is at stake in 19th century modernity. Savoie, as a catholic boarder, appears as some original basis in the maturing process of ideas as well as their circulation between the kingdom of Italy, France and Europe. The third part, based on a corpus of 18th century libraries mostly and 19th century legacies to Chambéry’s Grand Séminaire, offers a classification of readers, among whom various types of parish priests, canons and bishops. By confronting the different centers of interest related to theology and profane science, some clerical identities are taking shape, factors of cohesion and signs of intellectual curiosity appear, showing that to the believers, Savoie’s secular clergy both keeps and spreads a broader culture and that its members are in no way cut off from the evolutions of their time.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LYSE2079 |
Date | 16 September 2016 |
Creators | Collombat, Michel |
Contributors | Lyon, Sorrel, Christian |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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