Au début des années 1960, les ambitions des cinéastes marocains pour un art décolonisé et réinventé se heurtent à un régime politique autoritaire, à un système productif rigide et contrôlé, et à une censure souvent non dite, ambiguë et contradictoire. Cette thèse explore les stratégies développées par les documentaristes des années 1960 à nos jours pour résister à ce contexte contraint et s'y tailler une part de liberté: du détournement de commandes aux tournages clandestins, en passant par les coproductions étrangères. Pour évaluer plus précisément les capacités de nuisance de ce système, mais aussi les possibilités de le contourner, cette thèse s'appuie sur l'étude du cas d' Ahmed Bouanani (1938-2011 ), avec l'analyse génétique rapprochée de deux de ses documentaires, 6 et 12 (1968) et Mémoire 14 ( 1971 ). Entravés de deux manières différentes par le Centre cinématographique marocain, ces courts-métrages gardent cependant des traces accusatrices de la censure subie, elles véhiculent toujours un message politique subtil. Leur auteur y met surtout en œuvre une part de son projet esthétique : «affronter» la réalité marocaine passée et présente via une forme documentaire ancrée dans un patrimoine ancestral. A cet égard, l'œuvre de Bouanani est une clef: la plupart des gestes résistants étudiés dans cette thèse peuvent en effet être interprétés comme la recherche des formes et dispositifs à même de rendre compte de la réalité, de l'histoire ou du patrimoine marocains. Contre les silences du discours officiel, s'ébauche ainsi la constitution d' « un nouveau regard » cinématographique pour le Maroc indépendant. / At the beginning of the 1960s, Moroccan filmmakers, and their ambitions for a decolonized reinvented ait, are confronted to an authoritarian political regime, to a tightly-controlled productive system, and to an ambiguous contradictory censorship, kept seldom unsaid. This thesis studies the strategies that were developed by documentary-filmmakers from the 1960s to nowadays to resist this constraining context and find their own free path, ranging from commission diverting to clandestine shootings, passing by co-productions with foreign countries. The case of Ahmed Bouanani (1938-2011 ), through the genetic analysis of two of his documentaries, 6 et 12 ( 1968) and Mémoire 14 ( 1971 ), enables us to evaluate more precisely the harmful ways of this system, but also the possibilities to bypass its impediments. Indeed, these films were hindered in two very different ways by the Centre cinématographique marocain. And yet, they kept accusatory marks of the censorship undergone, and still convey a subtle political message. But their author makes mostly use of them to carry out part of his aesthetical project: tackling Moroccan past and present reality through a documentary form anchored in an ancestral cultural heritage. ln this respect, Bouanani is a key figure: indeed, most of the documentary gestures studied in this thesis can be construed as a search for forms and devices suitable for rendering closely Moroccan reality, history or heritage. Against official silence, the constitution of a “new” film “gaze” is thus sketched for independent Morocco.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA01H034 |
Date | 27 June 2018 |
Creators | Pierre-Bouthier, Marie |
Contributors | Paris 1, Lindeperg, Sylvie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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