La mobilité spatiale est mise en avant comme une solution aux mutations économiques impactant le territoire, pour l’adaptation de ses filières, de ses entreprises et in fine de ses actifs. La nécessité de résoudre le chômage d’une part et, d’autre part, les besoins de main d’œuvre des entreprises constituent des moteurs de cette mobilité et à l’inverse, les facteurs de viscosité du marché de l’emploi et en particulier les situations d’ancrage territorial sont considérées comme des anomalies. L’objectif de gestion des politiques publiques est alors de les résoudre par des mesures favorisant la mobilité notamment en dotant les actifs des compétences les plus transversales possibles et ainsi de sécuriser les parcours professionnels par plus de mobilité.Dans cette logique, l’ancrage territorial des actifs est difficilement compréhensible et la spécification des compétences liée au territoire une erreur stratégique. Or, il s’avère que malgré les mesures en faveur de la mobilité, de nombreux actifs continuent à être attachés au territoire et préfèrent rester que partir au risque de subir une période de chômage voire d’accepter un emploi ne correspondant pas à leurs qualifications. Par ailleurs, les entreprises semblent continuer à rechercher dans les compétences des salariés des caractères relevant de spécificités comme la confiance ou la réputation, qui ont une composante territoriale.Cette thèse chercher à éclairer cette apparente contradiction en partant de l’hypothèse que cette situation continue à perdurer pour des raisons économiques et sociales positives. En effet, en croisant la spécificité des compétences avec le caractère territorial de l’activité économique, nous recherchons des compétences spécifiques territoriales à même, selon nous, d’expliquer le lien entre les entreprises, la ressource humaine et le territoire. Dans cette thèse, nous cherchons à établir empiriquement l’existence de ces compétences spécifiques territoriales prévues par la littérature.S’inscrivant dans les sciences régionales en économie, cette thèse prend appui sur la théorie de la segmentation du marché de l’emploi et nous avons emprunté un de ses caractères particuliers à savoir la segmentation par les compétences dans la théorie du capital humain de Becker (1964). Cette spécification par les ressources humaines n’est pas une anomalie mais la résultante d’un fonctionnement « normal » du marché. Ainsi, de manière générale, la spécification des actifs et par extension des compétences est expliquée comme une source d’avantage concurrentielle pour les entreprises à travers la théorie des ressources (Penrose, 1959, Wernerfelt, 1984, Barney, 1991).Ces travaux se sont appuyés sur trois niveaux de données composé par une base de 213 Initiatives Territoriales en faveur de l’Emploi du Ministère du Travail, par une analyse en position d’observation-participante en territoire de Figeac et par des entretiens menés en territoire de Langres et du Sud Alsace.En termes de résultat, nous avons mis en place et testé une méthode d’identification qui a permis de révéler trois compétences spécifiques territoriales : la compétence d’anticipation du marché local, la compétence relationnelle spécifique au territoire et la compétence de détection et d’utilisation des habiletés locales. Pour chacune, elles sont des combinaisons de compétences de bases, individuelles et qui permettent la réalisation d’une activité économique propre à l’entreprise en lien avec le territoire. Parallèlement à ces compétences, nous avons également identifié dans les territoires la compétence collective de développement territorial.Ces compétences ont été analysées dans le cadre de leurs territoires. Ainsi, en matière de politique publique locale, cette recherche permettra de mieux spécifier les territoires pour les entreprises et les acteurs locaux. Elle apportera également une réponse en matière de sécurisation des parcours professionnels / Spatial mobility is put forward as a solution to the economic changes impacting rural and urban areas (their economic sectors, companies and ultimately, their workers). On the one hand, the need to resolve the problem of unemployment and to meet the labour needs of businesses are two drivers of this mobility, and on the other hand, the viscosity factors of the labor market and in particular territorial anchorage situations are regarded as anomalies. The aim of public policy management is then to solve these anomalies by implementing measures promoting mobility, essentially providing workers with the most general skills, with the idea of securing career paths through greater mobility.In this context, the integration or “anchoring” of workers in a particular area or “territory” is difficult to understand and the specification of skills linked to an area is considered a strategic mistake. However, it turns out that despite the measures in favor of an increasing mobility, many workers still prefer to stay where they are rather than leave their area, preferring the risk of suffering a period of unemployment or even accepting a job that does not match their qualifications. In addition to this, companies seem to look for specific skills such as trust or reputation, which are related to a form of territorial integration.The aim of this thesis is to shed light on this apparent contradiction, assuming that this situation of territorial integration maintains itself for positive and valid economic and social reasons. Indeed, by combining the specificity of the skills observed and the territorial aspect of the economy, we are seeking to identify skills that are specific to an area, which, in our opinion, explain the relationships between companies, their human resources and the area itself.In this thesis, we will try to establish empirically the existence of these specifically “territorial” skills, which are have been foreseen in the literature.As part of regional economics, this thesis is based on the theory of labor market segmentation and we have borrowed one of its special characteristics, namely the skill segmentation described in Becker's human capital theory (1964).Specification by human resources is not an anomaly but the outcome of a market functioning “normally”. Thus, in general, the specification of workers and by extension of their skills can be explained as a source of competitive advantage for companies according to resource-based theory (Penrose, 1959).This study is based on three levels of data : a database of 213 Territorial Employment Initiatives from the Ministry of Labor, an analysis of the area of Figeac, from a observing-participating position, and a series of interviews carried out in the areas of Langres and South Alsace.In terms of results, we implemented and tested an identification method that revealed three specific territorial competences: the competence of anticipation of the territory's market, the relational competence specific to the territory and the competence of detection and use of local skills.Each of these skills is a combination of basic individual skills which enable the development of an economic activity specific to the company and connected to the area it is in. Alongside these skills, we have also identified in these various areas the collective competence of territorial development.These skills were analyzed in the context of their territories. Thus, in terms of local public policy, this research will make it possible to better specify the territories for companies and local players. It will also provide an answer in terms of securing career paths.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018UBFCG005 |
Date | 06 November 2018 |
Creators | Pham, Truong Giang |
Contributors | Bourgogne Franche-Comté, Aubert, Francis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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