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Hypertension artérielle dans la population adulte du Burkina Faso : prévalence, détection, traitement et contrôle

Contexte : L’hypertension artérielle (HTA) est reconnue comme un important facteur de risque des maladies cardiovasculaires et de la mortalité prématurée. Les données montrent qu’un adulte sur 4 dans le monde souffrait d’hypertension en 2000 et ce chiffre serait en augmentation. Dans les pays africains, les estimations prévoient une progression plus rapide de la prévalence de l’HTA engendrant ainsi un problème additionnel à gérer pour le système de santé qui est toujours aux prises avec les maladies transmissibles. Les progrès économiques et l’urbanisation semblent entraîner des modifications des habitudes de vie dans ces pays qui seraient associés à une émergence des maladies non transmissibles, dont l’HTA. Le Burkina Faso, pays de l’Afrique de l’Ouest classé comme un pays à faibles revenus, aurait amorcé sa transition épidémiologique et il importe de faire un état sur les maladies non transmissibles en émergence. Afin de contribuer à la connaissance des aspects épidémiologiques de l’HTA au Burkina Faso, trois objectifs spécifiques ont été retenus pour la présente recherche : 1) Estimer la prévalence de l’HTA et identifier les facteurs associés dans la population rurale et la population semi-urbaine du Système de Surveillance démographique et de Santé de Kaya (Kaya HDSS) ; 2) Déterminer la différence de prévalence de l’HTA entre la zone lotie et la zone non lotie de la ville de Ouagadougou et identifier les facteurs associés ; 3) Déterminer la détection, le traitement, le contrôle de l’HTA et estimer la fréquentation des centres de santé par les personnes hypertendues nouvellement dépistées dans la population adulte du Centre Nord du Burkina Faso. Méthodologie : Le cadre de notre recherche est le Burkina Faso. Deux sites ont fait l’objet de nos investigations. Kaya HDSS, situé dans la région du Centre Nord du Burkina Faso a servi de site pour les enquêtes ayant permis l’atteinte du premier et du troisième objectif général. Une étude transversale a été menée en fin 2012 sur un échantillon aléatoire de 1645 adultes résidents du site. Un entretien suivi de mesures anthropométriques et de la pression artérielle (PA) ont été réalisés au domicile des participants. Toutes les personnes qui avaient une PA élevée (PA systolique ≥ 140 mm Hg et/ou PA diastolique ≥ 90 mm Hg) et qui n’avaient pas été diagnostiquées auparavant ont été référées à une formation sanitaire. Un second entretien a été réalisé avec ces personnes environ un mois après. Pour le second objectif général, c’est le système de surveillance démographique et de santé de Ouagadougou (Ouaga HDSS) qui a été retenu comme site. Ouaga HDSS couvre 5 quartiers de la zone nord de Ouagadougou. Une étude transversale a été réalisée en 2010 sur un échantillon aléatoire représentatif de la population adulte résidante du site (N = 2041). Des entretiens suivis de mesures anthropométriques et de la PA ont été réalisés durant l’enquête. Résultats : Notre premier article examine la prévalence de l’HTA et les facteurs associés en milieu rural et en milieu semi-urbain. Au total 1481 participants ont été dépistés et la prévalence totale pondérée était de 9,4 % (95 % IC : 7,3 % - 11,4 %) avec une grande différence entre le milieu semi-urbain et le milieu rural : un adulte sur 10 était hypertendu en milieu semi-urbain contre un adulte sur 20 en milieu rural. L’analyse multivariée nous a permis d’identifier l’âge avancé, le milieu semi-urbain et l’histoire familiale de l’HTA comme des facteurs de risque. Dans le deuxième article, nous avons déterminé la différence entre la zone lotie et la zone non lotie du milieu urbain en ce qui concerne l’HTA. Sur 2 041 adultes enquêtés, la prévalence totale est estimée à 18,6 % (95 % IC : 16,9 % - 20,3 %). Après ajustement avec l’âge, il n’y avait pas de différence de prévalence entre la zone lotie et la zone non lotie de la ville de Ouagadougou. Dans ce milieu urbain, l’obésité et l’inactivité physique sont confirmées comme des facteurs à risque. En plus des personnes âgées qui constituent un groupe à risque, les migrants venant du milieu rural et les veuves ont été identifiés comme des personnes à risque. Notre troisième article examine la détection, le traitement, le contrôle de l’HTA ainsi que la fréquentation des structures de santé par les personnes nouvellement dépistées hypertendues dans le milieu non urbain. Sur les 1481 participants à l’étude, 41 % n’avaient jamais mesuré leur PA. Sur les 123 participants (9,4 %) dépistés comme hypertendus, 26,8 % avaient déjà bénéficié d’un diagnostic et 75,8 % de ces derniers étaient sous traitement anti hypertensif. Parmi les participants sous traitement, 60 % (15 sur 25) avaient leur PA sous contrôle. Le suivi de 2 mois a permis de retrouver 72 des 90 personnes nouvellement dépistées. Seulement 50 % ont été en consultation et parmi ces derniers 76 % (28 personnes sur les 37) ont reçu une confirmation de leur hypertension. Conclusion : Notre recherche montre l’évolution de l’HTA en fonction du niveau d’urbanisation de la population. Même si les maladies infectieuses restent la priorité du système de santé, la lutte contre l’HTA doit s’inscrire dans un cadre général de lutte contre les maladies cardiovasculaires. Cette lutte doit être amorcée maintenant avant que des proportions inquiétantes ne soient atteintes. Des actions de prévention telles que la promotion de saines habitudes de vie, le dépistage de masse et un renforcement des capacités du système de soins sont à mettre en œuvre. / Background: High blood pressure (hypertension) is recognized as an important risk factor for cardiovascular disease and premature mortality. Data showed that a quarter of world adults were hypertensive in 2000 and this figure was increasing. In African countries, the estimates provide a more rapid increase in the prevalence of hypertension, thus creating another problem to manage for the health system which is still dealing with communicable diseases. Economic progress and urbanization appear to cause changes in lifestyle in these countries that are associated with the emergence of non-communicable diseases including hypertension. Burkina Faso, a country of West Africa classified as low-income countries, have begun its epidemiological transition and it is important to make an overview on emerging non-communicable diseases. In order to determine the epidemiological aspects of hypertension in Burkina Faso, three specific objectives have been selected for this research: 1) estimate the prevalence of hypertension and identify associated factors in the rural and the semi-urban population of Kaya health and demographic surveillance system (Kaya HDSS); 2) Determine the difference in prevalence of hypertension between the formal area and informal area Ouagadougou city and identify associated factors; and 3) determine the detection, treatment, control of hypertension and estimate attendance at health centers by those with hypertension newly detected in the adult population of North Central of Burkina Faso. Methods: Our research took place in Burkina Faso. Two sites have been the subject of our investigations. Kaya HDSS, located in the North central of Burkina served as site surveys that allowed the achievement of the first and third objective. A cross sectional study was conducted in late 2012 on a random sample of 1,645 adult residents of the site. An interview followed by anthropometric and blood pressure (BP) measurements were conducted in participants' homes. All persons who had elevated BP (systolic BP ≥ 140 mm Hg and / or diastolic BP ≥ 90 mm Hg) and had not been previously diagnosed were referred to a health facility. About one month later, a second interview was conducted with them. For the achievement of the second objective, the Ouagadougou health and demographic surveillance system (Ouaga HDSS) was chosen as the site. Ouaga HDSS covers five neighborhoods of the northern region of Ouagadougou. A cross-sectional study was conducted in 2010 on a representative random sample of the adult population resident Site (N = 2041). An interview followed by anthropometric and BP measurement were conducted during the investigation. Results: Our first article examines the prevalence of hypertension and associated factors in rural and semi-urban areas. In total 1,481 participants were screened and the total weighted prevalence was 9.4 % (95 % CI: 7.3 % -11.4 %) with a market difference between the semi-urban and the rural areas: about one tenth of adults were hypertensive in semi-urban areas against one twentieth in rural areas. Multivariate analysis allowed us to identify the semi-urban area, old ages and family history of hypertension as risk factors. In the second article, we determine the difference in the prevalence of hypertension between formal and informal areas of Ouagadougou. On 2041 adults surveyed, the overall prevalence was estimated to 18.6 % (95 % CI: 16.9 % - 20.3 %). After adjustment for age, there was no difference in prevalence between formal and informal areas in Ouagadougou. In this urban setting, obesity and physical inactivity were confirmed as risk factors. In addition to the seniors who were a risk group, rural-to-urban migrants and widows have been identified as being at risk. Our third article examines the detection, treatment, control of hypertension and attendance in health facilities by newly detected hypertensive participants in the non-urban areas. Of the 1 481 study participants, 41 % had never measured their BP. Of the 123 participants (9.4 %) screened as hypertensive, 26.8 % were aware of their condition and 75.8 % of them were under antihypertensive medication. Among participants receiving treatment, 60 % (15 of 25) had their BP under control. Monitoring of two months allowed us to find 72 of the 90 newly screened participants. Only 50 % (37 of 72) had consulted a health worker and 76 % (28 people out of 37) of them received a confirmation of their hypertension. Conclusion: Our study shows the development of hypertension by level of urbanization of the population. Although infectious diseases are still the primary health care system, the fight against hypertension must be part of a general framework for the fight against cardiovascular disease. This struggle must be initiated now before worrying proportions are reached. Prevention activities such as the promotion of healthy lifestyles, mass screening and capacity building of the health system are to be implemented.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/12306
Date10 1900
CreatorsDoulougou, Boukaré
ContributorsZunzunegui, Maria Victoria, Kouanda, Séni
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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