Mémoire court / Ce mémoire aborde le défi de l’altérité à l’époque de la technique moderne chez Alain Finkielkraut en trois chapitres. Le premier présente la conception de l’altérité chez Finkielkraut qui se définit par son indisponibilité. Dans La sagesse de l’amour (1984), Finkielkraut désire réhabiliter l’amour pour penser le rapport originel à autrui. Selon lui, ce concept aurait été déconsidéré depuis les Temps modernes, car identifié au besoin « impérialiste » d’agir sur l’Autre et de le posséder. Or, Finkielkraut le conçoit tout autrement. L’amour repose selon lui sur une présence qui ne se laisse pas enclore. Où il y a amour, l’altérité prend toute la place. Dans la relation amoureuse, l’Autre s’installe en nous et nous reste étranger, c’est-à-dire qu’il nous est indisponible. Pour le dire tautologiquement, l’Autre est autre. Finkielkraut pense donc le rapport originel à autrui par l’amour qui, lui, se caractérise plus fondamentalement par l’indisponibilité.
Au second chapitre, on s’intéresse à la dialectique entre culture et technique dans Nous autres, modernes (2005). Anciennement, les arts voyaient dans les manifestations particulières de l’être l’opportunité de toucher l’universel alors que la technique tend à uniformiser le monde par son regard. La conclusion importante de ce chapitre est que ce regard technique s’est instauré partout, y compris dans les sciences sociales, ces sciences qui traiteraient des mêmes sujets que les humanités, mais avec la rigueur des sciences naturelles.
Dans le dernier chapitre, on verra que les Temps modernes, avec l’instauration de la rigueur du calcul et de la technique, ont affecté la conception de l’altérité. Pour comprendre ce changement, Finkielkraut dans « Peut-on ne pas être heideggérien? » (2015), reprend les grands pans de l’analyse de Martin Heidegger dans ses textes sur la technique moderne. Finkielkraut estime que nous serions rendus à l’époque où l’homme verrait tout, y compris lui-même, comme un fonds disponible. Aux yeux de Finkielkraut, tout devient interchangeable (les lieux, le sexe, les cultures, les populations, etc.) parce que tout devient disponible à l’époque de la technique moderne. Finkielkraut écrira que « nulle altérité ne résiste à l’arraisonnement ». Notre mémoire s’intéressera aux nombreuses conséquences qui découlent de cette disponibilité de l’altérité, notamment la victoire sur la différence et un monde de plus en plus homogène. / To address the challenge of otherness in the age of modern technology in Alain Finkielkraut’s philosophy, three chapters are necessary. The first one presents the conception of otherness in Finkielkraut’s philosophy, which defines otherness by its unavailability. In the Wisdom of Love (1984), he wants to rehabilitate love to think the original relation to the other. For him, this concept would have been dismissed in Modern Times because it was identified with the « imperial » need to act on the Other and to possess him. Finkielkraut conceives love otherwise. Love is a presence that can not be enclosed. Where there is love, otherness takes the entire place. In the love relationship, the Other sets up in ourselves and is a foreigner, which means it is unavailable. To say it in a tautology, the Other is other. Finkielkraut thinks the original relation to the other with love that is defined fundamentally by its unavailability.
In the second chapter, our interest will be on the dialectic between culture and technology in Nous autres, modernes (2005). It used to be the casethat the particular manifestations of being that the humanities studied was the opportunity to touch the universal while technology tended to standardize the world by its gaze. The important conclusion of this chapter is that the imprint of technology is now established everywhere, including in the social sciences, who understand themselves as the sciences that treat the same subjects as the humanities but with the same rigor as the natural sciences.
In the last chapter, we will see that in Modern Times the urge of calculation and technology have affected the conception of the otherness. To understand this change, Finkielkraut in « Peut-on ne pas être heideggérien? » (2015) draws on large sections of the analysis of the question regarding technology by Martin Heidegger. Finkielkraut thinks that we are living at a time when the human being sees everything, including himself, as available funds (Bestand). In the eyes of Finkielkraut, everything is now interchangeable (places, sex and gender, cultures, populations, etc.) because everything is avaible at the time of modern technology. Finkielkraut writes that « no otherness will resist the arraignment (Gestell)». In this study, we will strive to sort out the consequences that follow from this availability of the other, especially the victory on the difference and a homogeneous world.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/19382 |
Date | 06 1900 |
Creators | Santarossa, David |
Contributors | Grondin, Jean |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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