Cette thèse aborde l'histoire des enfants et adultes handicapés mentaux en France et en Allemagne entre 1890 et le milieu des années 1930. Ce travail prend pour objet les personnes atteintes de déficience mentale, qualifiées à l'époque de « débiles mentaux », « imbéciles », « idiots » ou du terme plus générique d' « arriérés ». Cette étude apporte un éclairage nouveau sur plusieurs thèmes, en adoptant une perspective transnationale pour éclairer la circulation et les résistances dans les pratiques médicales et pédagogiques destinées aux arriérés. Cherchant à mettre en valeur la part de construction qui est en jeu dans l'élaboration de ces catégories nosographiques, les critères aboutissant à créer la « faiblesse d'esprit » (Schwachsinnigkeit) sont étudiés à travers de points de vue variés (famille, instituteurs, psychologues et aliénistes). On montre ainsi comment la catégorie est forgée par ceux qui les observent au quotidien. A l'échelle des institutions étudiées, l'évolution des pratiques asilaires démontre une volonté progressive de rationaliser le tri entre ceux qu'on pense « éducables » et les « incurables » par l'emploi d'outils tels que les tests psychométriques. La thèse démontre aussi comment les arriérés sont envisagés peu à peu comme une charge, voire un danger à l'échelle nationale. Après la Grande Guerre, le coût de leur prise en charge est vu comme un fardeau dans les deux pays, justifiant une rationalisation des soins qui leur sont accordés. Ils sont surtout considérés comme porteurs de tares transmissibles héréditairement, soit des individus qu'il s'agit de sélectionner voire d'éliminer en tant que danger sanitaire. La thèse explore ces deux aspects observés en France comme en Allemagne, et leur part dans la légitimation de la stérilisation forcée des arriérés comme « Malades héréditaires » mises en place par la loi adoptée dès les premiers mois de l'avènement du IIIe Reich, ainsi que les réactions du milieu psychiatrique français. / The topic of this PhD dissertation is the history of mentally deficient children and adults in both France and Germany between 1890 and 1934. This work focuses on people who suffered from mental retardation although at that time they would have been referred to as "feeble-minded," "idiots" or "imbeciles." This study provides a new focus on different subjects. The various circulations of medical models are considered in a dynamic perspective. lt also provides an original vision of the construction of the category of feeblemidness, influenced by agents like doctors [psychiatrists], families or teachers, questioning what was done in practical terms. Mentally deficient people were shaped by the gaze of the people they interacted with. They are also examined in a social and economic context to which these individuals respond. The evolution of the characterization of feeble-mindedness and the use of intelligence tests highlight various attempts to classify those individuals in a more rational way. From a more specific psychiatrie point of view, this thesis shows how the emphasis on their classification as "unproductive persans" as well as the description of feeble-mindedness as a hereditary and "racial" disease transformed them into a social issue in the context of the rise of social Darwinism and eugenics, which led fo their sterilization in Germany from 1934 on.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016STRAG047 |
Date | 06 December 2016 |
Creators | Hoffbeck, Valentine |
Contributors | Strasbourg, Bonah, Christian, Maurer, Catherine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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