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La parole pulvérisée : émergence et singularité d’une littérature de témoignage sur le génocide du Rwanda / The dramatic change in Rwandan expression : the newness and singularity of a "witness literature" about the Rwandan genocide

Dès 1997, des témoins rwandais rescapés d'un des événements les plus sombres du XXème siècle ont témoigné de leur expérience au cœur du génocide Tutsi survenu trois ans auparavant. La nécessité de mettre en récit l’horreur traversée a fait naître, en langue française, une littérature d’« un genre nouveau » qui n’existait pas dans le pays. En analysant seize récits rwandais de témoins directs du génocide, la thèse discute l’obstacle présupposé de leur co-écriture et met en évidence l’émergence et la singularité de cette littérature de témoignage : sa naissance dans la déchirure ; son mode spécifique d’élaboration ; sa poéticité ; sa rhétorique de la pulvérisation inhérente au traumatisme et, spécificité remarquable dans une culture où l’expression du « moi » n’est guère encouragée, son hybridation entre témoignage et autobiographie. Au confluent de l’histoire personnelle et de l’Histoire collective, certains témoins rescapés ont en effet exploré la voie d’une narration intime afin de reconstruire ce que le génocide a fait voler en éclats : le rapport à soi-même et à une communauté qui, après les avoir niés en tant qu’êtres humains, a tardé à les reconnaître en tant que victimes. Ce projet testimonial constitue tout autant une tentative de résilience qu’une quête de justice, un acte conclusif du deuil et une difficile progression de la survie vers la vie. Cette thèse inscrit de plein droit dans la littérature des œuvres essentielles et irremplaçables pour approcher au plus près la vérité du traumatisme et des faits génocidaires endurés. / Since 1997 Rwandan witnesses who have survived the Tutsi genocide in Rwanda in 1994 have related their dreadful experience of one of the worst events of the 20th century. The urge to write about this terrible event was the starting point of a new genre of writing in French in the country. By analysing sixteen direct witnesses' accounts this thesis examines the assumption that the need to resort to another person to transcribe their oral testimonies could present an obstacle. It reveals the newness and singularity of this " witness literature " : a dramatic break from all traditional artistic forms, the specific technique with a note of poetry, the way it describes the devastation caused by the traumatic events. Moreover what is remarkable in a culture in which self- expression is not encouraged is how it combines testimony and autobiography. Indeed where personal history and collective history meet, by telling their private accounts some surviving witnesses have been able to rebuild what the genocide had destroyed, that is to say introspection and the relationship with the community which not only had not considered them as human beings but had also delayed recognising them as victims. This " testimony project" is an attempt at resilience and a demand for justice as well, a way of coming out of mourning in order to be able to go on living. This thesis intends to fully acknowledge the literary quality of these very important, essential writings and to understand the intensity of the trauma caused by the criminal acts they had to endure during the genocide.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017TOU20048
Date19 June 2017
CreatorsTalayssat, Anne-Sophie
ContributorsToulouse 2, Dottin-Orsini, Mireille, Larroux, Guy
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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