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La technique et le vivant en biologie de synthèse : réflexion sur l'actualité de Georges Canguilhem

Tableau d'honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2017-2018 / La biologie de synthèse est souvent dépeinte comme étant l’irruption de principes d’ingénierie dans les sciences de la vie. À partir de pratiques telles que la standardisation et la modélisation, les promoteurs de cette discipline relativement jeune espèrent en arriver à réduire suffisamment les difficultés liées à la complexité du monde vivant afin de rendre la conception de réseaux génétiques analogue à celle de circuits électroniques. Ce genre d’aspiration a récemment remis à jour, dans la littérature philosophique, des questionnements relatifs aux relations entre machine et organisme ainsi qu’à la portée de notre maîtrise technique du vivant. Pour alimenter ces réflexions, il nous semble pertinent de recourir à la pensée du philosophe français Georges Canguilhem (1904-1995). Selon Canguilhem, les mécanismes construits par l’être humain ont pour condition préalable la propriété du vivant à produire des mécanismes, nous obligeant ainsi à envisager la technique dans son origine et sa finalité biologique. Sans poser de principes métaphysiques tels qu’une âme ou une force vitale, la reconnaissance des origines vitales de la technique conduit néanmoins à reconnaitre que la capacité de l’organisme à instituer des normes demeure irréductible à la division et à l’analyse scientifique du vivant. À partir d’une exploration de la philosophie biologique de Canguilhem, nous montrerons qu’il est possible, au-delà des ambitions premières de la biologie de synthèse, de retrouver dans plusieurs de ses pratiques les plus récentes une attitude qui, en instrumentalisant les propriétés de la vie, actualise certaines des positions canguilhemiennes concernant la technique et le vivant. / Synthetic biology is often depicted as the application of engineering principles in the life sciences. Through practices such as standardisation and modeling, promoters of this relatively young discipline hope to overcome difficulties related to the complexity of living organisms, in order to make the design of genetic network similar to that of electronic circuits. This kind of aspiration recently brought up philosophical questions concerning the relations between organism and machine, as well as the scope of our technical mastery of life. The thought of French philosopher Georges Canguilhem (1904-1995) seems especially relevant to these issues. According to Canguilhem, man-made devices presuppose the ability of living organisms to produce mechanisms, and requires us to consider the vital purpose and origin of technology. Without assuming the existence of a soul or a vital force, the origin of technology nevertheless forces us to acknowledge that the capacity of organisms to create norms is irreducible to the scientific analysis of living beings. After exploring the biological philosophy of Canguilhem, I will argue that synthetic biology, despite its main discourses and ambitions, frequently exploit the properties of life in a way that actualizes some of Canguilhem’s perspectives regarding life and technology.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/30006
Date08 June 2018
CreatorsPelletier, Guillaume
ContributorsParizeau, Marie-Hélène
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typemémoire de maîtrise, COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Format1 ressource en ligne (viii, 117 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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