A travers l’étude de l’activité des postes frontaliers situés le long de la frontière chinoise, cette thèse de doctorat a pour objectif de retracer la manière dont l’administration française a tenté de maintenir l’ordre sur les confins septentrionaux du Vietnam de 1895 à 1940 conjointement avec leurs homologues chinois afin de maîtriser les illégalismes frontaliers commis sur le territoire tonkinois par des groupes venus de Chine, tout en élargissant le regard sur des pratiques migratoires à destination du Céleste empire condamnées et considérées comme du trafic d’êtres humains par les autorités françaises. En combinant à la fois approche statistique et analyse qualitative, cette recherche lève un pan de la vie quotidienne de la frontière à travers la criminalité transfrontalière. La faiblesse du maillage territorial, l’inexpérience relative des commandants de postes, l’insalubrité du climat et la complexité de la topographie de la région frontalière constituent autant de difficultés pour l’autorité coloniale afin de contrôler la frontière, malgré l’entretien d’un service de renseignements considéré par ailleurs comme peu fiable, et en dépit de l’action des partisans, véritable colonne dorsale du maintien de l’ordre frontalier. Cette porosité patente de la frontière se traduit par de nombreuses incursions : du simple vol de bétail aux raids commis contre des villages frontaliers en passant par les embuscades commises sur des chemins ou encore l’introduction frauduleuse de produits sur le territoire tonkinois, l’éventail des crimes transfrontaliers est vaste et soumet la frontière à une pression variable en fonction des évènements se déroulant du côté chinois. Si la répression menée par les troupes régulières est souvent couronnée de succès en cas d’incursions massives et s’apparente plus à des opérations militaires que des actions policières de maintien de l’ordre, en revanche la criminalité du quotidien échappe en grande partie à la vigilance des forces de l’ordre, témoignant par là même des difficultés pour l’autorité centrale d’affirmer son autorité sur une frontière dont la stabilité reste encore largement en devenir. / Through the study of the activity of border crossings, this research aims to analyze how the French colonial administration maintained order along the China-Vietnamese borderlands from 1895 to 1940 with their Chinese counterparts by checking various cross-border crimes committed on Tonkin by mobs from China: theft of cattle, raids against border villages, ambushes on roads, smuggling. But difficulties are important despite the action of the “partisans” who are the backbone to maintain order on the borderlands: weakness of the border crossings network, unhealthy climate, complexity of the topography. While the repression carried out by the regular troops is often successful in the event of mass incursions and is more akin to military operations than to policing law enforcement, cross border criminality of everyday life is checked with difficulties and underlines that stability on the borderlands are in the making.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCC233 |
Date | 24 February 2017 |
Creators | Grémont, Johann |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Poisson, Emmanuel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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