Au prisme des caricatures que ses détracteurs en ont faites dès la Restauration, parées après les « Trois Glorieuses » des couleurs de la vérité, la cour des Bourbons de France serait à la fois nulle, anachronique et ridicule. Cette condamnation rétrospective empêche d'appréhender la centralité des institutions domestiques et de la société curiale dans la France de 1814 à 1830. Instrument de légitimation du principe héréditaire incarné par la dynastie régnante, vecteur d'exaltation de sa prééminence et de mise en scène d'une royauté sacrale, la cour de la Restauration se doit d'être étudiée d'un point de vue internaliste, qui en retrace la généalogie, les modalités de recréation et les logiques de structuration. Si elle reproduit les règles de fonctionnement identifiées par Norbert Elias comme caractéristiques de l'Ancien Régime, la société de cour restaurée s'en distingue par la prépondérance, dans l'intime familiarité des Bourbons, de fidèles purs. « Arche sainte de la légitimité » et sanctuaire des traditions royales, foyer d'oppositions anti-ministérielles et d'une résistance, couronnée de succès, à l'ordonnance de réforme du 1er novembre 1820, destinée à la « nationaliser », elle cristallise l'assimilation des courtisans à une coterie irrémédiablement étrangère au peuple de France et contraire à ses libertés. Désavouée, en 1844, par le prétendant légitimiste, la cour de la Restauration est liquidée dès 1830 par le roi des Français, rapidement contraint, cependant, de renouer avec certains de ses héritages en curialisant la monarchie de Juillet. / According to the caricatures its detractors produced from the time of the Restoration onwards, adorned with the colours of truth after "the Three Glorious" Days, the Bourbon Court of France would be nothing but anachronistic and ridiculous. This retrospective condemnation prevents from understanding the centrality of Royal Households and Court society in France between 1814 and 1830. As a means to legitimize the hereditary principle embodied by the ruling dynasty, glorify their prominence and stage the scenario of a sacred monarchy, the Restoration Court must be approached from an inner view which traces its roots, the terms of its recreation and its structuring logics. Although it replicates the rules defined by Norbert Elias as typical of the Old Regime, the restored Court society differs from them by the predominancy of courtiers depicted as pure followers within the close intimacy of the Bourbons. An « Ark of legitimacy », a sanctuary of royal traditions, and a center of oppositions to governments, the Court overcame its nationalization through the reform of November 1820, but hastened the assimilation of the courtiers into a coterie, irretrievably alien to the people of France and hostile to liberties. Disavowed by the legitimist pretender to the throne, the Restoration Court was liquidated as early as the year 1830 by the King of the French, who nevertheless had to quickly come to terms with some its legacies so as to create the national Court of the July Monarchy.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA01H061 |
Date | 12 December 2016 |
Creators | Trétout, Thibaut |
Contributors | Paris 1, Charle, Christophe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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