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Transformer le travail domestique ?Femmes migrantes et politique de formalisation à Bruxelles

La problématique de cette thèse est celle de la formalisation du travail domestique. Au-delà de la mise en œuvre de la politique des titres-services, cette thèse ouvre le questionnement sur les possibilités et le limites de la professionnalisation d’une quelconque politique pour le travail domestique. Sur base de notre recherche qualitative, trois constats inédits émanent de nos résultats.Le premier constat inédit émerge de l’étude de la politique des titres-services et de sa mise en œuvre en Région bruxelloise. Celle-ci a montré que les entreprises agréées en titres-services ne veulent pas embaucher des chercheures d’emploi de longue durée, qu’elles associent aux "Belges" et au manque de motivation à travailler dans le secteur. Les entreprises cherchent principalement à engager des travailleuses migrantes avec expérience sur le marché au noir et qui, de préférence, amènent leur clientèle avec elles. Ces travailleuses sont plus autonomes et exigent très peu de travail de la part des entreprises de titres-services. Cette préférence de recrutement des entreprises agréées va jusqu’à mettre en place des pratiques d’évitement des circuits officiels d’offre d’emploi. Ce constat fait ressortir en outre l’importance des liens ethniques dans la formation du marché du travail domestique formel. Le deuxième constat inédit est le rôle de la régularité de séjour comme déterminant pour l’accès à une vraie transformation identitaire et l’émancipation des travailleuses domestiques migrantes, en opposition à l’accès à un travail formel. Être "migrante sans papiers" et les conséquences de ce (manque de) statut dans les sociétés d’accueil ont déjà été décrites par plusieurs auteurs (Andall 2000; Anderson 2000; Parreñas 2001; Lutz 2011; Ambrosini 2012; Schwenken & Heimeshoff 2013). Nos analyses démontrent, par la situation contraire du passage à la régularité de séjour et à la formalité du travail, que l’entrée dans le travail formel est incapable d’amener seule une vraie transformation identitaire. Ainsi, si du point de vue statutaire les travailleuses en titres-services ont expérimenté un type de reconnaissance par la fiche de paie, les droits sociaux et un salaire direct et indirect, leur vie dans les faits n’a pas été changée et elles continuent à travailler aux mêmes endroits dans des conditions similaires. Et surtout, elles continuent à être vues de la même manière par elles-mêmes, par leurs employeuses devenues clientes et par la société. Enfin, l’opportunité d’un marché du travail formel est insuffisante pour résoudre la question de l’empowerment des travailleuses migrantes et de l’accomplissement de la professionnalisation – un processus en cours mais qui n’avance que lentement.Le troisième constat inédit de cette thèse est l’évidence que le règlement des titres-services et la logique qui structure cette politique ne favorisent ni la qualité d’emploi ni la valorisation de la profession, pour plusieurs raisons, entre autres la libre concurrence de ce quasi-marché, le fait que les travailleuses sont des salariées "entrepreneures d’elles-mêmes" et le manque de responsabilisation des clientes. / This PhD investigates the transition of the domestic work market in Brussels to formalization through the implementation of the housework voucher policy by the Belgian government in 2004 (the “titres-services” policy).Now existing for about ten years, one can say that the voucher policy has been a success in bringing from the shadow to formal market many domestic work employers and workers. In terms of valorization of paid domestic work, however, changes were meagre: if the housework voucher opens to domestic workers the possibility to access a formal job and its related social rights, domestic work in Brussels is still not attractive enough for nationals and is dominated by mainly newly arrived migrant women. The fact the work is formal does not change the image of the job as a ‘dirty work’. The main beneficiaries of the policy are, in fine, middle or upper classes, which can achieve work/life balance by meeting their demand of housework services at a much lower price than they used to pay in the informal sector.This PhD brings up three new results.Firstly, authorized voucher service companies avoid hiring job-seekers, although job creation is one of the policy goals. Companies prefer to hire workers that were previously in the informal domestic work market, as they consider these workers are used to the job, motivated and often bring their clients with them.Secondly, the migrant status of domestic workers switching to the formal market appears as a decisive factor for them to experience a change in their identity as workers and citizens. The mere change from an informal labor market to a formal labor market is insufficient for the workers to challenge their (often low) self-esteem and to allow them empower themselves (Adjamago & Calvès 2012). Thirdly, this research brings evidence that the voucher service system fails to enhance job quality and to upgrade the domestic work sector. Among other factors, because of the livre market competition, voucher employees being “entrepreneurs without enterprise” (Granovetter 1995), and the lack of voucher clients’ responsibility within the policy. This PhD research shows that the commodification of domestic work in Brussels did not change the fact that domestic tasks are gendered as ‘women’s work’ and hence did not bring changes whereby couples share the tasks. Besides, voucher agency publicities and leaflets reflect this gendered norm, in focusing on woman’s choice to commodify domestic tasks and earn ‘quality time’ with her beloved ones or for herself.Finally, it points policymaking difficulties in bringing a specific job, historically informal and personalized, to the formal labor market. Policymaking cannot evade the question of who is doing the housework, and should therefore look at the interaction of care, gender and migration regimes. Otherwise, gender equality in the labor market will continue to be met only by middle and upper class, and only through domestic work outsourcing (to other women), perpetuating gender, class and 'race' dominating positions. / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished

Identiferoai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/228311
Date18 March 2016
CreatorsCamargo Magalhaes, Beatriz
ContributorsRea, Andrea, Jacobs, Dirk, Martinez-Garcia, Esteban, Degavre, Florence, Lutz, Helma
PublisherUniversite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Sciences sociales - Sciences politiques et sociales, Bruxelles
Source SetsUniversité libre de Bruxelles
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typeinfo:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation
FormatNo full-text files

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