Cette thèse porte sur l'univers ethnoculturel que donnent à lire les quatre premiers romans de V. Hugo : Han d'Islande (1823), Bug-Jargal (1826), Le Dernier Jour d'un Condamné (1829) et Notre-Dame de Paris (1831). La récurrence de certains motifs dans cette jeune écriture fait apparaître une architecture formée de réseaux symboliques que nous pouvons appréhender suivant deux grandes structures culturelles : la dialectique littératie/oralité (ou culture écrite/culture orale) et le schème carnaval/carême. Deux structures qui sous-tendent l'organisation fictionnelle et narrative de chacune des oeuvres, et s'agencent de manière à y faire émerger une dynamique générale : l'antinomie ordre et désordre. Partant d'une approche ethnocritique (V. Cnockaert, J.-M. Privat, M. Scarpa), nous nous penchons ainsi sur la question des rites et des coutumes pris comme signes ethnographiques, et des modalités de leur intégration dans le tissu romanesque. Notre thèse repose d'une part sur l'étude des rapports entre ce qui relève de la logique du carême - les grandes institutions, qui imposent un ordre et instaurent des régimes oppressifs - et ce qui relève du carnavalesque (ou des pratiques collectives des carnavals traditionnels) - les personnages-désordre, qui sont tous voués à un destin singulier -, et s'attache à montrer d'autre part comment ces représentations ethno-logiques sont, suivant une perspective plus large, au coeur de relations belligérantes entre littératie et oralité. Nos lectures tiennent également à mettre en lumière ce qu'autorise cette pluralité culturelle à l'écriture même de Hugo, qui se veut une écriture de changement. Réappropriés par l'auteur, transformés dans et par l'écriture, les schèmes (et motifs) culturels reçoivent, de fait, « un nouveau sens dans le système de relations constitutif de l'oeuvre » (Bourdieu). Aussi non seulement sont-ils à l'origine d'une carnavalisation littéraire (Bakhtine), mais encore donnent-ils lieu à la mise en place d'un système unifiant dans notre corpus de jeunesse. La portée polyphonique des effets de carnavalisation générés dans les textes - à partir de ces croisements, métissages et confrontations culturels - permet d'avancer une interprétation d'ensemble en regard des récits, de même qu'en regard de la pensée hugolienne (les vues, croyances et convictions de l?auteur) que véhiculent les romans. Il s'agit en somme, dans cette thèse, d'examiner comment Hugo, à travers une écriture de combat, éclaire autrement la situation générale de la France du début du XIXe siècle - la situation de cette jeune nation qui tente de se redresser après les violences (encore fraîches) de la Révolution de 1789 / This thesis explores the ethnocultural world of Victor Hugo's first novels: Hans of Iceland (1823), Bug-Jargal (1826), The Last Day of a Condemned Man (1829) and The Hunchback of Notre-Dame (1831). It appears that recurrent motifs in this early writing form a symbolic architecture that can be understood to follow two main cultural structures: the dialectics of literacy/orality and Carnival/Lent. Both structures underpin the narrative and fictional organization of each novel, while they construct throughout the corpus a general dynamic of order/disorder antinomy. Following an ethnocritical approach (V. Cnockaert, J. M. Privat, M. Scarpa), we look into the question of rites and customs considered as ethnographic signs, and examine their modes of integration in the fictional fabric. On the one hand we study the connections between what is related to the logic of Lent - the Institutions, which enforce an order mainly based on oppressive regimes - and what is related to the Carnivalesque (or the common practices of traditional Carnivals) - the characters of disturbance, who are all destined for singular fates. And on the other hand, we demonstrate how these ethnologic references are part of a larger scheme, generating cultural belligerencies between literacy and orality. Our thesis also seeks to shed light on what this cultural plurality brings to Hugo's writing, a writing which lays claim to change and social revolution. Readapted by the author, transformed by and in the writing, the cultural structures indeed get a new meaning in the work's constituent system of relations (Bourdieu). Therefore not only do they give rise to what Bakhtine calls a -carnavalisation littéraire -, but they set up a unifying coherence in our corpus. The polyphonic range of the ensavagement effects generated by this carnivalesque writing -where opposite cultural elements are confronted and sometimes crossbred - allows us to put forward an overall interpretation regarding the narratives, as well as the way Hugo's thinking (his views and beliefs) passes through his early novels. The main objective of this thesis is to examine how Hugo, through a combative writing, brings another perspective to France's general situation in the early 19th century - a different understanding of this young nation's efforts to recover from the still fresh violence of the French Revolution
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013LORR0047 |
Date | 20 February 2013 |
Creators | Dumoulin, Sophie |
Contributors | Université de Lorraine, Université du Québec à Montréal, Privat, Jean-Marie, Cnockaert, Véronique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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