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La condition peule. Autour de la vache : nomade ou sédentaire ? Différences et similitudes de pratiques et de représentations, selon qu’on est l’un ou l’autre. Étude comparative de communautés de Guinée et du Tchad / The status of the Fulani People. Concerning the cow : nomad or sedentary ? Differences and similarities in practices and their representations wether nomad or sedentary. A comparative study of communities in Guinea and Chad

Actuellement estimés à environ 8 millions d'individus, les Peuls constituent un ensemble de populations réparties sur une vingtaine de pays de la zone sub-saharienne. À partir d'une origine qu'ils affirment commune et qui, selon l'hypothèse la plus couramment admise, se situerait en Égypte, ils auraient connu de multiples mouvements migratoires, mais en conservant dans tous les cas le souci d'organiser leur vie sociale autour de l'élevage bovin. Mieux qu'un symbole, la vache leur apparaît comme l'animal fondateur de leur personnalité ethnique. On remarque cependant des différences notables selon qu'ils sont nomades, sédentaires ou semi-nomades. Les dispersions connues au cours des siècles, pour des raisons diverses (entre autres : économiques, politiques, climatiques), ont eu pour conséquences des écarts culturels parfois profonds. En procédant à une comparaison des sédentarisés en Guinée, sur les plateaux du Fuuta-Jaloo, et des nomades et semi-nomades du Tchad, il s'agit de mettre en relief certaines de ces différences et, par contraste, de discerner les points communs qui pourraient révéler un patrimoine unique. Dans le cas particulier des sédentaires devenus citadins et ayant perdu pour cette raison toute implication dans une activité pastorale, la vache reste au centre de leur imaginaire. Elle persiste à influencer leurs discours par de nombreuses références dans le jeu des métaphores, dans les formules de politesse, dans la valorisation des conduites, etc. On le vérifie autant par l'observation de la vie quotidienne que par les initiatives de certains intellectuels Peuls qui ont créé des associations pour promouvoir ce patrimoine à la fois dans leur pays de résidence et à l'international, comme par la création de sites Web. Ils ont même tendance à gommer ou atténuer fortement les différences apparues historiquement entre les groupes, voire à minorer des métissages survenus de génération en génération, pour proposer comme une sorte de standard uniforme. Dès lors, ils renvoient eux aussi à un lointain passé, mais parfois avec des partis-pris idéologiques qui participent d'un militantisme politique ou religieux, l'intention avouée ou non étant de définir une « nation peule » qui, bien que fragmentée dans plusieurs États, gagnerait à prendre conscience de sa singularité en Afrique. Au fil de l'enquête de terrain, l'attention est portée autant sur des données événementielles caractéristiques, comme celles qui scandent les existences individuelles et collectives (naissance, mariage, décès), que sur des données organisationnelles (exercice de l'autorité, coopération des genres au sein de la famille et du clan, classes d'âge, interactions économiques, gestion du bétail, conception de l'espace et du temps, prédéterminations religieuses, etc.).Gagnent également à être précisées les influences exercées sur les Peuls par les autres populations côtoyés au gré de leurs déplacements ou de leur fixation sur un territoire, influences provoquant l'acquisition durable de manières ou de techniques. Nonobstant les emprunts linguistiques, elles sont flagrantes dans la construction de l'habitat, temporaire ou définitif, et dans le choix de l'habillement. Jusqu'à une époque récente, les peuls ne sont pas réputés pour avoir un artisanat propre. Les choix qu'ils font pour modifier leurs rapports aux objets fabriqués en dehors d'eux répondent à des besoins dont il s'agira d'exposer la nature. Par exemple, de nos jours, l'emploi du téléphone portable accélère considérablement les prises de décision lors des transhumances. Au final, sachant l'omniprésence de la vache dans la culture peule, quelles que soient l'évolution du contexte matériel et social, il conviendra de clarifier la fonction structurante qu'elle exerce donc à la fois sur la plupart des pratiques et sur les représentations symboliques. Elle polarise en quelque sorte la production culturelle revendiquée comme l'héritage d'une tradition multiséculaire. […] / Currently estimated at about 8 million, the Fulani people make up a population spread over twenty-odd countries in sub-Saharan Africa. Sharing a commonly claimed origin said to be situated in Egypt, they are to have experienced several multiple migrations, while maintaining in all cases the desire to organize their social life around bovine cattle-breading. More than just a symbol, the cow is seen as the founding pillar of their ethnic character. There are, however, noticeable differences depending on whether the people are nomad, sedentary or semi-sedentary. Well-documented population dispersions throughout the centuries for various reasons, (amongst others: economic, political, climatic...), have led to sometimes profound cultural differences.The objective of making a comparison of the sedentary populations of the Fuuta-Jaloo Plateau of Guinea and the nomads and semi-nomads of Chad is to highlight some of these differences and, on the contrary, to identify the common denominators which may be considered to reveal a unique heritage.Concerning the sedentary populations which have become urban dwellers and have, for this reason, lost all involvement in pastoral activity, the cow remains central in their psyche. It continues to have an influence on their speech with multiple references to be found in metaphors, expressions of common civilities, the evaluation of common codes of behavior, etc. This can be seen as much by observing daily life as through the initiatives ta ken by certain Fulani intellectuals who have created associations to promote this heritage on both a national and international scale via, for example, the creation of websites. There is even a tendency to erase or greatly reduce historical differences which have come to light between the groups, or to underestimate mixed-race populations throughout generations in order to offer a uniform standard. Accordingly, they also refer to a distant past, but sometimes with ideological biases which contribute to political or religious activism, the intention of which, whether admitted or not, being to define a « Fulani nation» which, although fragmented over several States, would gain from a recognition of its uniqueness in Africa.Throughout the fieldwork study, the focus is as much on data from characteristic events making up individual and collective life, (birth, marriage, death), as on the organization of everyday life, (exercise of authority, family and clan unity and cooperation, age-groups, economic interaction, livestock management, the concept of space and time, religious and other predeterminations, etc.).Also worth noting are the influences of other populations on the Fulani people during their migrations or attachments to a territory, influences leading to the lasting acquisition of living manners and techniques.Notwithstanding linguistic borrowings, the influences are obvious where temporary or permanent dwelling construction and choice of clothing are concerned. Until recently, the Fulani people were not renowned for having their own craft. The choices they make to modify their relationship with objects constructed by others being directly determined by the needs presented to them by nature. For example, nowadays, the mobile phone has considerably accelerated decision-making during transhumance.In conclusion, given the omnipresence of the cow in the Fulani culture, whatever the social and cultural evolution may be, it is worth clarifying the structural role that the cow plays on the majority of practices and symbolic representations. It somehow polarizes the cultural production claimed as the heritage of a multisecular tradition. Hence the concern expressed from the very first interviews of the field survey of a possible risk of loss or significant reduction of bovine cattle-breeding. They feel they will lose the founding stone of their identity.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2015BRES0056
Date06 November 2015
CreatorsKervella-Mansaré, Yassine
ContributorsBrest, Dalla Bernardina, Sergio
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench, English
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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