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De l'ombre à la lumière : la poétique de la consolation chez W. G. Sebald

Les traditions antique, biblique et médiévale de la consolation se sont jusqu’à récemment imposées par leurs définitions respectives de ce genre littéraire, l’érigeant en rhétorique qui propose la prévention de souffrances vécues et à venir, à défaut de pouvoir les guérir.
Les multiples génocides et conflits du XXe siècle marquent cependant un changement décisif dans la conception même de la souffrance ainsi que des moyens d’y remédier : la consolation, traditionnellement considérée dans sa forme individuelle, revêt désormais une dimension collective en raison des ampleurs des événements de l’Histoire et de leurs effets sur des communautés entières décimées ou vouées à un douloureux exil. Près de soixante ans après la Seconde Guerre mondiale, l’auteur allemand W. G. Sebald se démarque par sa volonté de sonder les profondeurs du silence d’après-guerre dans son Allemagne natale pour dénoncer le trauma collectivement hérité et enduré. Si son œuvre est teintée d’une profonde mélancolie, si elle représente l’anéantissement de tout un monde et si ses protagonistes meurent sous l’effet d’un excès de mémoire, l’univers qu’ébauche l’auteur laisse néanmoins entrevoir une poétique de la consolation : les photographies en noir et blanc ainsi que les documents d’archive qui accompagnent la narration sont la trace persistante d’un monde qui n’est plus ; les ruines décrites renvoient au souvenir des majestueux édifices dont elles sont les restes ; la nature s’offre comme cadre régénérateur qui résiste à la folie humaine ; le temps se révèle malléable et les êtres abritent une mémoire que l’auteur se fait le devoir d’écrire et de transmettre. La consolation se profile autant dans la forme de l’œuvre de Sebald que dans ses thèmes, repensant l’individuel dans le collectif et le passé dans le présent. Ce mémoire propose une réflexion sur la consolation chez Sebald à partir de deux de ses textes phares, Les Émigrants [Die Ausgewanderten : Vier lange Erzählungen] et Austerlitz, où l’écriture est à la fois refuge et consolation, autant pour l’auteur que pour le lecteur. / Until recent years, the ancient, biblical, and medieval traditions of consolation each offered their respective definitions of this literary genre, making it a rhetoric which aimed to prevent or reason past and future suffering, for want of a cure. The multiple genocides and conflicts of the 20th century, however, mark a decisive change in the very conception of suffering as in the means of remedying it: traditionally considered in its individual form, consolation now takes on a collective dimension because of the scale of historical disasters and their repercussions on entire communities reduced to annihilation or condemned to painful exile. Almost sixty years after World War II, German author W. G. Sebald stands out for his willingness to plumb the depths of post-war silence in his native Germany and to denounce the trauma that was collectively inherited and endured. If his work is tinged with a deep melancholy, if it represents the vanishing of an entire way of life, and if his protagonists die from an excess of memory, the universe sketched out by the author nonetheless suggests a poetics of consolation: the black and white photographs and the archival documents accompanying the narration are the persistent traces of a world that is no longer; the descriptions of ruins bring to mind the memory of the majestic buildings of which they are the remains; nature offers itself as a restorative frame resisting human madness; time appears more malleable than ever and beings shelter a memory which the author makes his duty to transcribe and transmit. Consolation is found as much in the form of Sebald’s work as in its themes, rethinking the individual in the collective, and the past in the present. This dissertation aims to reflect on the poetics of consolation in Sebald’s writing, particularly in two of the author’s key works, The Emigrants [Die Ausgewanderten: Vier lange Erzählungen] and Austerlitz, where writing becomes both a refuge and a consolation, as much for the author as for the reader.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27902
Date12 1900
CreatorsMissirian, Mira
ContributorsCochran, Terry
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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