La chaîne alpine est un domaine à croûte épaissie pour lequel le déplacement imposé aux limites est absorbé alternativement par deux mécanismes de raccourcissement. Le premier correspond au glissement d'écailles crustales sur des discontinuités (déformation localisée) exprimé d'une part par des translations transversales à la chaîne (chevauchements), d'autre part, et de manière synchrone, par des rotations antihoraires (décrochevauchements longitudinaux). Le second correspond à une déformation interne généralisée des écailles et de l'avant-pays lorsque les glissements se bloquent. Le mécanisme de glissement, démontré par la structure discontinue de la croûte (superposition d'écailles contenant de la croûte inférieure et éventuellement du manteau supérieur), absorbe la plus grande partie du raccourcissement. L'évolution cinématique se décompose en trois grandes périodes : - Jusqu'à 37-38 Ma (Eocène) la croûte austro-alpine chevauche la marge européenne. - De 37-38 Ma à 21-22 Ma (Oligocène - Aquitanien) un chevauchement de la croûte pennique (avec le corps d'lvrea) sur la croûte delphino-helvétlque et un décrochevauchementdextre (rotation antihoraire de 18°) de l'austro-alpin par rapport au pennique, absorbent 150 à 200 km de raccourcissement. - De 21-22 Ma à l'Actuel (Miocène - Quaternaire), le chevauchement crustal des massifs cristallins externes et un décrochevauchement dextre (rotation antihoraire de 26-27°) du Pennique par rapport au Delphino-helvétique absorbent autour de 150 km de raccourcissement. Il se vérifie que ce modèle s'applique également aux déformations actuelles et permet d'intégrer aussi bIen les données sur la sismicité (mécanismes au foyer) que sur les mouvements verticaux (surrection actuelle). Le mécanisme de déformation interne est associe aux périodes qui font la transition (c'est à dire autour de 37-38 Ma et autour de 21-22 Ma) entre les périodes où les glissements dominent. Ces périodes dont la durée exacte reste à préciser sont à rapprocher des "phases tectoniques" classiques dont l'importance, en termes de raccourcissement crustal, apparaît ainsi bien moindre que dans l'approche traditionnelle.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00452102 |
Date | 15 February 1988 |
Creators | Menard, Gilles |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0021 seconds