Que signifie voir ? et en quoi l’étude d’une œuvre artistique favoriserait-elle l’examen philosophique d’une telle question ? Centré sur le problème de la vision dans l'œuvre d'Alberto Giacometti, ce travail entend mettre au jour une certaine exemplarité de l’artiste dans l’élaboration philosophique de la question de la vision, en posant les conditions d’un dialogue entre art et phénoménologie. Car la vision chez Giacometti problématise l'apparition des choses d'une manière qui bouleverse l'évidence de la constitution d'objet et ébranle la subjectivité. Voir, c’est voir apparaître, mais cette apparition n’est pas simple montée au visible d’une forme accédant à quelque stabilité objective : l’artiste nous force à penser ce que nous proposons d’appeler une « désapparition » de l’objet. L’art se donne en effet comme une forme d’inquiétude du regard, qui balance l’objet entre apparition et disparition, le retire étrangement au toucher et émeut remarquablement le sujet en lui suggérant une dimension sublime de la visibilité qui le renvoie finalement à sa propre mortalité. Sur tous ces points, la phénoménologie peut éclairer l'œuvre de l'artiste, quoique la "résistance" de cette même œuvre à l'égard des thèses philosophiques s’avère tout aussi éclairante : loin de nous amener à la simple conclusion d'une extériorité de l’art et de la philosophie, cette résistance peut en effet se comprendre comme une invitation à retravailler, d’une façon critique, la phénoménologie elle-même. / What is the meaning of seeing ? And why should an artistic work be of any help in a philosophical inquiry on such a topic ? This research is focused on the problem of vision in Alberto Giacometti’s work and intends to reveal an exemplarity of this opus in the philosophical elaboration of vision, by stating the conditions of a dialogue between Art and Phenomenology. For Giacometti’s vision raises a problem in the mere appearance of things : the obviousness of the objet’s constitution is disrupted and the subjectivity disturbed. To see is to see things appear, but this appearance is no longer the simple coming to visibility of a form attaining some objective stabilization : the artist forces us to think what we suggest to call a « desappearance » of the object. Art is then to be thought as a glaze anxiety that balances the object between appearance and disappearance, withdraws it from our touch, and strangely moves the viewer by suggesting a sublime dimension of visibility that finally brings him back to his own mortality. On all these matters, phenomenology can throw light on the artist’s work, though the « resistance » of this very work against philosophical statements turns out to be quite as enlightning : far from leading us to simply conclude that art and philosophy have nothing to do with one another, this resistance can be seen as an invitation to reconsider, critically, Phenomenology itself.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012BOR30049 |
Date | 14 December 2012 |
Creators | Delmotte, Benjamin |
Contributors | Bordeaux 3, Brugère, Fabienne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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