Cette thèse se propose de questionner, sous l’angle du langage, le phénomène de l’idéologie en partant de la francographie négro-africaine. Caractérisant cette dernière, nous restituons les temps forts de sa construction, tumultueuse, en pratique professionnelle organisée, pour aboutir à l’hypothèse que les idéologèmes du texte porteraient en premier sur une interprétation du vécu sociopolitique du continent. À partir de ce point, et compte tenu de l’ubiquité de notre sujet, nous tentons de circonscrire un cadre opératoire de nœuds idéologiques dans le texte. Pour ce faire, nous avons recours à l’analyse du discours, surtout avec ses notions de pratique et de formation discursives, ainsi qu’avec celle d’habitus, développée par Bourdieu pour rendre compte d’un système de signes culturellement et socialement conditionnés. Ceci écarte l’immanence structuralise et permet une porosité de l’analyse dans la perspective d’un aller-retour permanent entre l’idéologie de l’auteur et celle de son personnel en texte. C’est sur ces deux plages, et sur les deux plans (le plus fondamental de représentation du monde, et le plus calculé, le plus stratégique, voire le plus polémique) du processus idéologique, que nous parvenons à bâtir la structuration de notre thèse. Nous analysons ainsi, sous le couvert de la lexicologie, La caractérisation, La description et La créativité lexicale, qui prennent globalement en charge les artifices d’agencements discursifs des locuteurs pour donner à voir les êtres et les choses. Il en découle une vision plutôt négative du cosmos chez les personnages mis en scène, même si certains auteurs ont su relever l’image de l’Afrique, aussi bien auprès des Occidentaux que chez les Africains eux-mêmes. Dans la seconde partie, qui se penche sur La structuttion scénographique, nous analysons particulièrement le sens de l’énoncé à travers son énonciation, la (mise en) scène tant externe qu’interne de l’énonciation des auteurs et de leurs personnels. Éprouvant positivement le critère linguistique de la formation discursive de la graphie, Les représentations linguistiques montrent à quel point la langue française continue de hanter les esprits, plus d’un demi-siècle après l’occupation coloniale, que ce soit en vrai ou en faux, i.e comme soumis à un stratagème de positionnement dans la légende. Une étude de l’énonciation textuelle, par Les discours rapportés, Les déictiques et La temporalité narrative, montre comment les sujets parlant conçoivent l’altérité ou l’identité, comment ils migrent, selon le besoin de la cause, de l’énonciation singulière à l’énonciation universelle et vice-versa, comment ils manipulent l’énonciation d’autrui pour la soumettre à la leur. Les auteurs dénoncent, surtout sur le plan politique, un laxisme et un amour pitoyable de l’immédiateté.La francographie négro-africaine apparaît comme un champ de batailles idéologiques variées, que ce soit entre les écrivains, les politiques et les partenaires de l’édition, ou bien entre les écrivains et les lecteurs, africains ou francophones. Même si ces derniers ne répondent pas aux auteurs dans le texte, ou ne leur répondent pas tout simplement, les débats, les perceptions qui s’entretiennent de part et d’autre des deux camps se lisent en filigrane. / This thesis, entitled The ideology of the text: semiolinguistic analysis of the negro-African francography, is attempting a scrutiny of ideology in the novel. Characterizing what is known as francography, we restore the main events of its tumultuous development into the organized professional activity that it is today. We thus postulate that ideologems in the text initiate an interpretation of the sociopolitical situation in Africa. Trying to resolve the ubiquity of ideology in language, we manage to circumscribe a frame of study to spot the manifestations of our topic in the text. For that purpose, we recourse to discourse analysis, especially its concepts of discursive practice and discursive formation. The notion of habitus, developed by Bourdieu, also contributed to state systems of signs that are culturally and socially determined in the African literary field, as well as it deviated the structuralist immanence of text theories. This deviation led to an efficient switch between the ideology of the authors and that of their characters or narrators. It is on these two lines and on the double aspect (the basic one of thoughts and viewpoints, and the most strategic or controversial one) of the ideological action that we come to build the frame of the thesis. Through a lexicological study (Characterization, Description and Lexical creativity), we examine the lexical combinations constructed by the speakers to represent things and beings according to their judgments. It emerges from this that enunciators have a rather negative representation of their environment, even though some authors succeed in raising the image of Africa. In the second section of the theses, based on Thescenographic structuration, we scrutinize the sense of the utterance according to its enunciation, as well as we consider both the internal and the outside stage/staging of the various protagonists of the communication. Confirming the statement that African writers, more than fifty years after colonization, are still concerned with the linguistic question, The Linguistic representations illustrate the use of various conceptions of French that writers perform, either to simply get ordinary representations to reverberate across the literary field, either as a strategy to make their mark on a topic that has always been very successful. The study of the text enunciation, through Reported speech, Deixis and Narrative temporality, reveals how speakers/thinkers conceive otherness and identity, how they switch, according to their interests, from a singular to a universal reference and vice versa, how they manipulate the other’s enunciation to serve their viewpoints. In the aggregate, authors of the corpus denunciate an excessive free-and-easy political attitude and a pernicious propensity for immediacy.The negro-African francography turns out to be a field of various ideological battles, both for writers, political and publishing protagonists, on the one hand, and, on the other hand, for writers and readers, whether the latter are African or Europeans. It does not matter much that readers don’t answer writers back in the text, or don’t even simply retort; what is certain is that the battles and reciprocal perceptions over both sides are palpable in the text.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA100038 |
Date | 07 March 2013 |
Creators | Vessah Ngou, Donald |
Contributors | Paris 10, Université de Yaoundé I, Jeandillou, Jean-François, Omgba, Richard Laurent |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0031 seconds