Plusieurs enquêtes états-uniennes et canadiennes montrent que les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont plus vulnérables face aux problèmes de santé mentale (détresse psychologique, dépression, troubles anxieux, problèmes de consommation, etc.) et plus à risque d’être victimes de violences conjugales au cours de leur vie. Mais cette population n’est pas homogène : parmi les différents sous-groupes de la communauté LGBTQ+ (lesbienne, gai, bisexuel·le, trans, queer et autre), les femmes de la diversité sexuelle sont particulièrement vulnérables face à ces problématiques. Le modèle du stress minoritaire explique cette vulnérabilité par le fait que les personnes de la diversité sexuelle et de genre souffrent de facteurs de stress spécifiques qui peuvent avoir des conséquences sur leur santé mentale et leurs relations. Ces facteurs peuvent être exogènes, c’est-à-dire provenir de l’extérieur de l’individu, comme les préjudices vécus dus à son identité sexuelle et de genre (harcèlement, discrimination, violence physique, etc.). Mais ils peuvent aussi être endogènes, c’est-à-dire provenant de l’individu lui-même. Ils sont alors plus subjectifs, comme le fait de s’attendre à être stigmatisé (la stigmatisation anticipée), le non-dévoilement de son identité sexuelle et/ou de genre et l’homophobie ou la transphobie intériorisée.
L’objectif principal de ce mémoire est d’examiner l’impact des facteurs de stress minoritaire et des différentes formes de victimisation conjugale sur les symptômes de dépression et d’anxiété chez les femmes de la diversité sexuelle, en fonction de leur identité sexuelle et de genre.
Pour réaliser cette étude, 209 personnes qui s’identifient comme femme (âge moyen = 33,9 ans), vivant au Canada et qui ont vécu des violences dans une relation intime avec une femme par le passé ont répondu à notre questionnaire en ligne. Nous avons mesuré l’identité sexuelle et de genre, la victimisation conjugale, les facteurs de stress minoritaire, et les symptômes de dépression et d’anxiété.
Des régressions hiérarchiques montrent que les sentiments négatifs sur son appartenance à la diversité sexuelle sont positivement associés aux symptômes de dépression et d’anxiété, même après avoir contrôlé pour l’âge, l’ethnie, l’identité sexuelle et de genre et la victimisation. La victimisation psychologique est également positivement associée aux symptômes d’anxiété et la victimisation sexuelle aux symptômes de dépression. L’âge est négativement associé aux symptômes d’anxiété et ne pas être attiré strictement par les femmes (s’identifier comme bisexuel·le, pansexuel·le, queer ou autre) est positivement associé aux symptômes de dépression dans notre échantillon.
Ces résultats apportent de nouvelles informations sur l’association entre les violences conjugales, le stress minoritaire et la santé mentale. Ainsi, ce mémoire montre l’impact de la victimisation conjugale sur la santé mentale des femmes de la diversité sexuelle ayant été victimes de violences conjugales. Il met également en avant l’impact significatif des sentiments négatifs sur son appartenance à la diversité sexuelle, une composante de l’homophobie intériorisée, sur les symptômes d’anxiété et de dépression. Il vient souligner la nécessité d’évaluer les besoins de cette population, et plus largement de toute la diversité sexuelle et de genre, et d’adapter les interventions auprès des victimes de violences conjugales à ces besoins. / Canadian and American population surveys show that people from the sexual diversity and gender-diverse people are more at risk of mental health problems (psychological distress, depression, anxiety disorders, substance use problems) and of being victims of intimate partner violence (IPV) in their lifetime. But the LGBTQ+ (lesbian, gay, bisexual, transgender, queer and other) community is not homogeneous: between the different subgroups of this population, sexual minority women (SMW) are at particularly high risk of experiencing stigma, mental health problems and being victims of IPV. This vulnerability can be explained by the sexual and gender minority stress model, stating that sexual and gender minority people suffer from specific stress factors added to general stressors, leading to more mental health and relationship problems. Those stress factors can be distal, such as prejudice events one suffers from based on their sexual or gender identity (harassment, discrimination, physical violence, etc.). But they can also be proximal, and therefore more subjective, such as expecting to be rejected or discriminated (also called stigma consciousness), concealing one’s sexual or gender identity, or suffering from internalized homophobia or transphobia.
The main goal of this Master’s thesis was to assess the impact of minority stress factors and of different forms of past IPV victimization on the current mental health of Canadian SMW, as a function of their sexual and gender identity.
In total, 209 individuals identifying as women (M age = 33,9), living in Canada and who lived in a violent intimate relationship with a woman in the past answered our online survey. Questionnaire assessed sexual orientation and gender identity, IPV behaviors, minority stress factors, and symptoms of depression and anxiety.
Hierarchical regressions showed that psychological aggression was positively associated with anxiety symptoms and sexual coercion with depressive symptoms. Not being strictly attracted to women (i.e. identifying as bisexual, pansexual, queer or something else) was also associated to high symptoms of depression and age was negatively associated to anxiety symptoms. After controlling for age, race/ethnicity, sexual and gender identity and IPV victimization, having negative feelings about being a SMW was strongly associated with both depression and anxiety symptoms.
This Master’s thesis provides new information on the interconnected associations among IPV, minority stress and SMW’s mental health. It shows the importance of LGBTQ+ specific stress factors, particularly of negative feelings about being a SMW, on the mental health of SMW IPV survivors. It highlights the necessity to evaluate the needs of SMW IPV survivors and, more broadly, of all sexual and gender minorities. This could allow clinical intervention to be more adapted to the needs of LGBTQ+ IPV victims and therefore help buffer against victimization they are faced by.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26028 |
Date | 07 1900 |
Creators | Fedele, Emma |
Contributors | Guay, Stéphane, Juster, Robert-Paul |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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