À très peu de philosophes l’histoire de la pensée occidentale a accordé une
place aussi significative qu’à Socrate : nous apprenons tout naturellement à l’édifier
comme héros de la rationalité et à reconnaître en lui la figure même du philosophe
critique. À plusieurs égards, cette représentation élogieuse nous paraît justifiée, bien
que, d’un autre point de vue, elle puisse nous faire sombrer dans la confusion, dès
lors que notre regard porte simultanément, et comme pour produire un contraste, sur
l’image d’un Socrate se soumettant au daimonion, son étrange signe divin. Comment
pouvons-nous justifier, à partir du corpus platonicien, à la fois l’engagement de
Socrate vis-à-vis de la rationalité et sa soumission à un phénomène en apparence
irrationnel ?
De cette question troublante est née la présente étude qui se consacre donc au
problème de l’articulation entre le rapport de Socrate aux dieux et son rapport à la
raison critique. Plus précisément, nous avons cherché à déterminer s’il existait, sur le
plan épistémologique, une hiérarchie entre le daimonion et la méthode
d’investigation rationnelle propre à Socrate, l’elenchos. Une telle étude exégétique
nécessitait, dans un premier temps, une analyse systématique et approfondie des
quelques passages sur le signe divin. Nous avons ensuite exposé deux solutions
paradigmatiques au problème du double engagement contradictoire de Socrate, celle
de G. Vlastos ainsi que celle de T.C. Brickhouse et N.D. Smith. Enfin, nous avons
augmenté cette seconde partie d’un examen spécifique du Phèdre et du Timée, de
même que d’un survol des modes de divination pour satisfaire un triple objectif :
situer le signe divin en regard de la mantique traditionnelle, déterminer le rôle
attribué par Platon à la raison dans le processus divinatoire, et être ainsi en mesure de
trancher notre question principale. / To very few philosophers the history of the Western thought granted a place
as significant as to Socrates: we quite naturally learn how to identify him as a hero of
rationality and to recognize in him the very figure of the critical philosopher. In
several respects, this representation of praise appears justified to us, although, from
another point of view, it can make us sink in confusion, since our glance carries
simultaneously, and like producing a contrast, on the image of Socrates obeying to
the daimonion, his uncanny divine sign. How can we justify, starting from the
Platonic corpus, both the engagement of Socrates with respect to rationality and his
subordination to a seemingly irrational phenomenon?
From this disconcerting question was born the present study which is thus
devoted to the problem of the articulation between the relation of Socrates to the
gods and his relation to the critical reason. More precisely, we sought to determine if
there existed, on the epistemological level, a hierarchy between the daimonion and
the method of rational investigation peculiar to Socrates, the elenchos. Such an
exegetic study required, initially, a systematic and thorough analysis of the few
passages related to the divine sign. We then adduced two paradigmatic solutions, that
of G. Vlastos as well as that of T.C. Brickhouse and N.D. Smith. Lastly, we added to
this second part besides a specific examination of Phaedrus and Timaeus, also a
broad survey of the modes of divination, satisfying a triple aim: to make sense of the
divine sign in comparison with the traditional art of mantic, to determine the role
allotted by Plato to the reason in the divinatory process, and thus to be able to solve
our principal question.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/3463 |
Date | 08 1900 |
Creators | Boustany, Badih |
Contributors | Dorion, Louis-André |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.0119 seconds