Cette recherche porte sur la gestion émancipatrice mise en œuvre par les entreprises sociales en vue de libérer leurs bénéficiaires –les populations «cibles » de leurs actions – de la pauvreté et de l’exclusion. Nous nous intéressons au cas particulier d’une entreprise sociale brésilienne, localisée dans la ville de São Paulo, dont la mission principale est de former des couturières et des artisans de quartiers populaires pour les intégrer au marché de la mode en tant qu’acteurs professionnels et autonomes. Reposant sur une étude ethnographique de près de dix-huit mois, cette thèse met en évidence la nature ambivalente des pratiques de gestion des entrepreneurs sociaux, en démontrant leurs effets à la fois libérateurs et oppressifs sur leurs bénéficiaires. En s’appuyant sur la théorie de l’émancipation développée par le pédagogue brésilien Paulo Freire, une référence décisive pour les entrepreneurs sociaux, cette thèse se propose de porter un regard critique sur le projet émancipatoire des entreprises sociales. Elle vise ainsi à apporter trois types de contribution à la littérature sur l’entrepreneuriat social. Sur le plan méthodologique, tout d’abord, cette étude met en avant la richesse d’une approche ethnographique interprétativiste et processuelle pour cerner toute la complexité des pratiques quotidiennes des entrepreneurs sociaux. Sur leplan théorique, ensuite, cette thèse replace au cœur du débat académique la question des relations entre entrepreneurs sociaux et populations locales, en faisant de ces dernières des acteurs centraux pour juger le potentiel émancipateur de l’entrepreneuriat social. Enfin, sur le plan de la pratique, cette étude propose de rénover la formation des entrepreneurs sociaux afin de redonner toute sa place aux thèmes du pouvoir et de ses déséquilibres, au sein du cursus des futurs praticiens de l’entrepreneuriat social / This research analyzes the emancipatory management implemented by social enterprises to free their beneficiaries – the “target” populations – from poverty and exclusion. This study focuses in particular on the case of a Brazilian social enterprise, located in the city of São Paulo, whose main mission is to train seamstresses and artisans from poor neighborhoods to integrate them into the fashion market as professional and autonomous actors. Based on an ethnographic study of nearly eighteen months, this thesis highlightsthe ambivalent nature of social entrepreneurs’ management practices, by demonstrating both their liberating and oppressive effects on beneficiaries. Based on the theory of emancipation developed by the Brazilian educator Paulo Freire, an essential reference for social entrepreneurs, this thesis proposes to take a critical look at the emancipatory project of social enterprises. It thus aims to bring threetypes of contribution to the literature on social entrepreneurship. First, methodologically, this study highlights the benefits of an interpretivist and processual ethnographic approach to identify the complexity of social entrepreneurs’ everyday practices. Second, with regards to theory, this thesis puts the relations between social entrepreneurs and local populations back at the center of the academic debate, making the latter key actors to assessing the emancipatory potential of social entrepreneurship. Finally, in terms of practice, this study proposes to renew the training of social entrepreneurs in order to prioritize the issue of power imbalances in the curriculum of future social entrepreneurship practitioners.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLED014 |
Date | 11 July 2018 |
Creators | Petitgand, Cécile |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Universidade de São Paulo (Brésil), Huault, Isabelle, Comini, Graziella |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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