Ce mémoire part du constat que l’histoire et, a fortiori, la mémoire ont
été largement sollicitées par le discours officiel français au moment et au
lendemain de la réunification allemande. La fin définitive de l’après-guerre et
le retour à la souveraineté diplomatique de l’Allemagne suscitent en France
des questions qui inquiètent – en raison notamment du souvenir de l’histoire –
et raniment la volonté d’encadrer la puissance allemande dans la communauté
européenne. Pour comprendre le rôle que la mémoire a pu tenir dans la
diplomatie française, l’étude tente d’analyser l’usage que les responsables
français ont fait du passé en tant qu’instrument de la politique étrangère et le
poids qu’il a représenté dans la vision française de l’unification allemande. Ce
mémoire démontre que l’entendement du passé se conforme, sous toutes ses
expressions, à la politique européenne de la France. Il atteste également que la
France se saisit de ce moment charnière pour structurer un espace européen qui
fait écho aux principes universalistes issus de la Révolution française, lesquels
doivent être désormais portés par le binôme franco-allemand. L’invention de la
tradition et l’usage métaphorique du passé répondent d’une préoccupation
politique de réconciliation franco-allemande et accompagnent la mise en place
d’un patriotisme historique sur lequel pourront s’établir les identités civique et
juridique européennes. La mémoire officielle, qui est entièrement orientée vers
la promotion et la justification de l’avenir communautaire, dénature certaines
données historiques de manière à exorciser le présent d’un passé encombrant.
Les limites de la mémoire officielle se trouvent donc dans cette représentation
d’un passé aseptisé; un passé n’étant pas une finalité, mais un moyen déférant
à l’intérêt national. / This dissertation analyzes references to history and, a fortiori, to
memory in the official French discourse during and after German unification.
Partly because of history, the definitive end of the post-war years and the
return of German diplomatic sovereignty caused concern in France, and
revived the resolve to contain German influence in the European community.
In order to understand the role played by memory in French diplomacy, this
dissertation assesses how French leaders used the past as an instrument of
foreign policy, and to what extent it influenced the French vision of German
unification. It shows that the understanding of the past complies, in all its
expressions, with France’s European policy. Furthermore, it confirms that
France seized this turning point to structure a European space appealing to the
universalist principles stemming from the French Revolution, which, it was
hoped, would henceforth be carried by the French-German couple. The
invention of tradition and the metaphoric use of the past echo a concern to
foster Franco-German reconciliation and are essential to the creation of an
historical patriotism on which to build a common European civic and legal
identity. Entirely oriented towards the promotion and justification of the
European future, official memory distorts some historical facts in order to
exorcise the present of a cumbersome past. Rather than an end in itself but a
means deferring to the national interest, this representation of the past shows
the limits of the official memory.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/6215 |
Date | 08 1900 |
Creators | Giroux, Geneviève |
Contributors | Létourneau, Paul, Saul, Samir |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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