Cette thèse explore les rouages d’un collectif de travail à l’œuvre sur un chantier de fouille archéologique situé à Ormesson (Seine-et-Marne, France), un site paléolithique jonché de milliers d’éclats de silex et de fragments d’os. Chaque année, une vingtaine de personnes provenant d’horizons variés partage une expérience quotidienne en travaillant autour de l’exploration du site tout en vivant ensemble pendant plus d’un mois. Je fais l’hypothèse que les rôles distribués par le chef de chantier orchestrant les opérations ne sont que les limites poreuses de l’engagement réel, variable et fragile de chaque fouilleur. En développant un protocole méthodologique dédié à l’observation participante ainsi qu’à la captation d’images filmiques de journées entières de travail, je décortique ce huis clos scientifique à travers la façon dont Isabelle (chercheure spécialisée dans le traitement osseux) et Mélodie (néophyte et passionnée d’histoire) transmettent et s’approprient le passé matériel qu’elles fouillent. Mon objectif est alors moins d’analyser le fonctionnement d’un collectif éphémère que de caractériser les fondements de la singularité d’individus au travail ainsi que les nuances de l’expertise scientifique en archéologie, et ce, à travers différents phénomènes que j’analyserai : les modalités perceptives de traces matérielles fragiles, les valeurs collectives en jeu, les affects que les uns et les autres apprennent à jauger et les représentations du passé les plus scénarisées. Le travail de fouille suppose un continuel aller-retour avec un passé en cours d’exploration et des expériences de travail au présent, un processus pratique et singulier qu’Isabelle et Mélodie me permettent de suivre à travers elles. / This thesis examines the inner workings of a group of researchers collaborating on an archeological excavation in Ormesson (Seine-et-Marne, France), on a paleolithic site strewn with thousands of flint pieces and bone fragments. Every year, around twenty people from various backgrounds share the day-to-day experience of working on the exploration of the site, as they live together for more than a month. I argue that the roles distributed by the site manager who organizes the operation are only the porous boundaries of each digger’s real, variable, fragile engagement. By developing a methodological protocol that involves participant observation and the filming of entire days of work, I dissect this closed scientific world through the way in which Isabelle (a researcher specializing in bone treatment) and Mélodie (a novice with a passion for history) transmit and appropriate the material past they excavate. My aim is therefore not so much to analyze the operation of a temporary group, but rather to characterize the foundations of the singularity of individuals at work, as well as the subtle differences in scientific expertise in archeology, though analysis of various phenomena: the modalities of perceiving fragile material traces, the group values at play, the affects that everyone learns to gauge, the most deliberated representations of the past. Excavation work implies continually shifting back and forth between a past under exploration and work experiences in the present, a practical and singular process that Isabelle and Mélodie allow me to follow through them.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA100086 |
Date | 06 November 2018 |
Creators | Torterat, Gwendoline |
Contributors | Paris 10, Piette, Albert |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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