Adoptant une perspective sociolinguistique, cette étude a examiné les pratiques d’alternance des codes linguistiques chez cinq enseignants d’anglais langue seconde (ALS) du primaire 3ème cycle, dans des écoles francophones de la région de Québec. La recherche, qui a impliqué des études de cas, s’est centrée sur cinq questions : 1) le taux de français (L1) utilisé par les enseignants d’ALS; 2) les raisons pour lesquelles les enseignants ont utilisé la L1 dans leurs cours; 3) les points de vue des enseignants sur les facteurs qui ont influencé leur utilisation de la L1; 4) l’influence du choix de langue utilisée par les enseignants sur le choix de langue des élèves; 5) les perceptions des élèves sur leur propre utilisation des L1 et L2 ainsi que sur celle de leur enseignant. Les données ont été recueillies dans les classes à deux périodes d’observation au cours de l’année scolaire 2007-2008. Les données ont été obtenues à partir de quatre sources : les enregistrements vidéo des leçons observées, les rappels stimulés, un entretien final avec chaque enseignante et un questionnaire administré aux élèves. Les résultats suivants ressortent de cette recherche. D’abord, en contraste avec des études antérieures, celle-ci a opté pour une perspective de type emic dans laquelle on a demandé aux enseignantes d’identifier les raisons pour lesquelles elles utilisaient la langue première (L1), à partir des vidéo-clips de leurs leçons. Cette analyse fine a permis d’obtenir une compréhension plus nuancée de certaines raisons déjà invoquées dans les entretiens (ex : sauver du temps, fatigue, etc.), mais qui pourraient échapper à une analyse de type étic des leçons d’ALS. Entre autres, cette recherche a mis en évidence une stratégie non mentionnée auparavant dans d’autres études : c’est l’utilisation du time-out, qui remplissait une fonction de barrière symbolique pour préserver le caractère «anglais» de la classe d’ALS. Deuxièmement, cette étude étend la recherche à la variation individuelle d’usage de la L1 par les enseignants, peu fréquemment rapportée dans d’autres études. En contraste avec des études passées où la variation d’un enseignant à l’autre se limitait au facteur temps (Duff & Polio, 1990; Edstrom, 2006; Nagy, 2009a), cette étude-ci a exploré les raisons sous-jacentes à cette variation, contribuant du même coup à confirmer les résultats de quelques autres études (De la Campa & Nassaji, 2009; Rolin-Ianziti & Brownlie, 2002). Troisièmement, comme dans la recherche de Carless (2004), une enseignante de notre étude, Kora, se démarque des autres par le faible et constant taux d’utilisation de la L1 (moins de 1%). Elle vient appuyer ainsi l’assertion de ce chercheur sur le fait que les expériences, les croyances et les compétences des enseignants pourraient être un facteur plus significatif d’utilisation de la langue-cible que le niveau de compétence langagière des élèves. Le cas de Kora accrédite ces enseignants et chercheurs qui, à partir d’une perspective pédagogique (Carless, 2004b ; Chambers, 1991 ; Nagy, 2009a ; Turnbull, 2006), ont fait valoir le besoin de conscientiser davantage les enseignants sur les stratégies à leur portée pour augmenter l’usage de la langue cible dans la classe d’ALS. Quatrièmement, quant à l’influence qu’a le choix de langue des enseignants sur le choix de langue de leurs élèves, cette étude-ci élargit les résultats obtenus par Liu et al (2004) à un contexte culturel et scolaire très différent, soit l’enseignement de l’ALS dans le système scolaire francophone du Québec. Cinquièmement, comme les résultats du questionnaire le révèlent, malgré les niveaux relativement élevés d’utilisation de l’anglais dans leur cours, les élèves du primaire 3e cycle ne se sentent pas stressés outre mesure. Par contraste avec d’autres études centrées sur les perceptions des élèves face à l’utilisation de la L1 et de la L2 (Levine, 2003 ; Macaro & Lee, 2013 ; Rolin-Ianziti & Varshney, 2009), cette étude-ci a aussi examiné la perception des élèves sur l’utilisation de stratégies dans leurs classes. Les résultats ont montré que les élèves percevaient chez leurs enseignants le recours à des stratégies jusqu’à un certain degré, particulièrement en rapport avec l’usage d’éléments visuels. Cependant, ce qui a émergé plus fortement a été la perception des élèves sur leur propre utilisation de stratégies pour communiquer dans la langue cible. Finalement, d’un point de vue méthodologique, cette étude-ci apparaît comme la première à avoir analysé les pourcentages d’utilisation de l’anglais et du français à l’aide de procédés d’analyse de type digital. En effet, dans les études antérieures les chercheurs avaient recours au décompte des mots ou du temps avec un chronomètre - des procédés potentiellement plus exigeants et mange-temps. L’étude discute aussi des implications de la pratique d’alternance des codes linguistiques dans la salle de classe. De plus, elle apporte des suggestions quant à la recherche future. / Drawing on a sociolinguistic perspective, this study examined the code-switching practices of five elementary core ESL teachers (3rd cycle) in French-medium schools in the Québec City area. The study, which involved case studies, focused on five research questions: (1) the amount of French, the L1, used by the ESL teachers, (2) the reasons why the teachers used the L1 in their classes, (3) the teachers’ views concerning the factors that influenced their L1 use, (4) the influence of the teachers’ language choice on students’ language choice, (5) the students’ perceptions of their teachers and their own L1/L2 use. Data were collected over two different periods of observation in the teachers’ classrooms during the 2007-2008 academic year. Four main sources of data were obtained: videotaped recordings of the lessons observed, stimulated recalls, an end-of study interview with each teacher, and a student questionnaire. Amongst the findings, the following are of particular note. First, in contrast to past studies, the present study opted for an emic perspective in which teachers themselves were asked to identify the reasons for which they used the target language based on video clips of their lessons. This fine-grained analysis brought to light a more nuanced analysis notably with respect to certain reasons (e.g., saving time, fatigue) which, even if previously evoked in interviews, could elude inclusion in research etic-based analyses of lessons. Amongst other things, the present study brought to light one reason not previously mentioned in other studies, i.e., the use of time-outs which performed a symbolic boundary maintaining function to preserve the “Englishness” of the ESL classroom. Secondly, the present study extends research which has infrequently reported on individual variation amongst teachers with respect to L1 use within their own lessons. In contrast to past studies, where individual variation within teachers’ lessons has typically been confined to time (Duff & Polio, 1990; Edstrom, 2006; Nagy, 2009a), the present study contributes to those few studies (De la Campa & Nassaji, 2009; Rolin-Ianziti & Brownlie, 2002) which also pinpoint differences in the reasons for such variation amongst case study participants. Thirdly, as in Carless’ (2004) study, one teacher in the present study, Kora, stood out from the others in terms of having a consistently low rate of L1 use (less than 1%), thus thus underscoring his contention that the teacher’s experiences, beliefs and competencies may be a more significant factor in terms of target language use than the students’ level of language proficiency. The case of Kora lends credence to those teachers and researchers who have argued from a pedagogical perspective (Carless, 2004b; Chambers, 1991; Nagy, 2009a; Turnbull, 2006) for the need to enhance teachers’ awareness of the strategies which can be used to increase target language use in the second language classroom. Fourthly, with respect to the impact of the teacher's choice of language on that of the students', the present study extends Liu et al.’s (2004) findings through the analysis of a very different school cultural context involving ESL teaching in the French-medium school system within the province of Quebec. Fifthly, as revealed by the student questionnaire results, despite relatively high levels of English use in their classes, the Cycle 3 elementary grade students did not feel unduly stressed. In contrast to previous studies (Levine, 2003; Macaro & Lee, 2013; Rolin-Ianziti & Varshney, 2009) which have focused on students’ perceptions of teachers’ L1 and L2 use, the present study also examined the latter’s perception of strategy use within their classes. Results reveal that students perceived their teachers as using strategies to a certain degree, particularly in regard to the use of visuals. However, what emerged more strongly was students’ perception of themselves as using strategies to communicate in the target language. Finally, from a methodological point of view, this study appears to be the first to have analyzed percentages for the use of English and French using digital editing features. In past studies, researchers have typically resorted to word counts or timing with a stopwatch, procedures which can be more onerous and time-consuming. Implications for code-switching practices in the classroom as well as suggestions for future research are also discussed.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27442 |
Date | 24 April 2018 |
Creators | Garcia Cortes, Olga Mireya |
Contributors | Parks, Susan |
Source Sets | Université Laval |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xiii, 179 pages), application/pdf |
Coverage | Québec (Province) |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
Page generated in 0.0035 seconds