Durant la guerre d'Algérie, des officiers français ont pensé l'armée et son action comme révolutionnaire. Il s'agissait pour eux de réformer radicalement l'institution militaire, en l'adaptant à un conflit présenté comme une guerre révolutionnaire menée par le communisme dont l'enjeu est le contrôle politique de la population. Cette armée révolutionnaire se devait de participer à la modernisation de l'Algérie, intégrant les Algériens au corps social français, permettant l'émergence d'une «Algérie nouvelle». Afin de réaliser cet objectif, ces officiers prônaient un durcissement autoritaire de l'État à même de contrer la subversion communiste. Cette thèse explore cette armée révolutionnaire, dont elle s'attache à saisir les racines, le contenu et les conséquences, à travers l'étude des 5es bureaux, bureaux d'état-major chargés de mener l'action psychologique de 1955 à 1960, à la fois propagandistes, commissaires politiques et théoriciens de l'action politico-militaire. Elle se penche, à travers une approche prosopographique, sur les parcours individuels et collectifs de ses officiers. Elle analyse les logiques institutionnelles, les discours et les pratiques des 5es bureaux. Elle met en lumière l'action politique de l'armée lors de la crise de mai et juin 1958 à travers la mobilisation autoritaire des Algériens lors de manifestations de fraternisation mettant en scène l'adhésion des colonisés à un ordre coloniale rénové. Ce projet se heurte à l'opposition de plus en plus claire du pouvoir gaulliste qui dissout les 5es bureaux en février 1960, suite à la semaine des barricades, mais surtout à une mécompréhension systématique de la situation politique algérienne. / During the Algerian War, French officers considered the army and its action as revolutionary. They aimed to radically reform military institutions, adapting them to a conflict perceived as a revolutionary war led by communism whose goal was the political control of the population. This revolutionary army had to participate in the modernization of Algeria, integrating Algerians into the French social body, allowing the emergence of an "Algérie nouvelle". In order to achieve this goal, these officers advocated an authoritarian hardening of the state capable of countering communist subversion. This thesis explores the roots, content and consequences of this revolutionary army through the study of the 5th bureau : the staff officers responsible for conducting psychological action from 1955 to 1960, as well the propagandists, political commissars and theoreticians of politico-military action. It employs a prospography of the individual and collective career trajectories of these officers, and analyzes the institutional logics; discourses, and the practices of the 5th bureaus. Tt highlights the political action of the army during the crisis of May and June 1958 through the authoritarian mobilization of Algerians for fraternization demonstrations that aimed to evince Algerians' commitment to a renovated colonial order. This project was defeated by the cleat opposition of the Gaullist state, which dissolved the 5th Bureaus in February 1960 following the week of the barricades uprising, but particularly by its systematic misunderstanding of the Algerian political situation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA01H077 |
Date | 10 December 2018 |
Creators | Leroux, Denis |
Contributors | Paris 1, Branche, Raphaëlle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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