Par-delà la dispersion thématique et aphoristique de l’œuvre du philosophe colombien Nicolás Gómez Dávila (1913-1994), un spectre hante sa pensée : le spectre du gnosticisme. Quel lien ce courant religieux ou para religieux né au sein de l’Empire romain entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère, peut-il avoir avec notre monde moderne ? Quel rapport entretien ce courant avec la philosophie ? En effet, la connaissance philosophique est totalement différente de la « connaissance » gnostique (gnosis). Alors que la philosophie, d’une part, se fonde sur une recherche de la vérité à partir d’un questionnement sur la réalité, la gnose est étroitement liée à une expérience de révélation, de sorte que la réception de la vérité, par illumination intérieure, remplace la théorie et l’argument rationnel. D’autre part, elle a pour objet la voie du salut, sans enseignement théorique, par transformation ou destruction de la réalité. On ne peut donc que s’interroger sur les coïncidences entre la gnose ancienne et ce que le philosophe austro-américain Éric Voegelin (1901-1985) a nommé « la modernité sans frein ». Ne pourrait-on pas voir dans les idéologies modernes (communisme, socialisme, nationalisme, libéralisme, etc.) à l’instar d’Éric Voegelin, des « religions politiques » ou, comme il le développera ensuite dans son œuvre une résurgence et excroissance du gnosticisme cherchant ici-bas le salut par la divinisation de l’homme ? C’est la thèse de Gómez Dávila qui radicalise celle de Voegelin en faisant de la gnose l’origine de la religion démocratique et de ses dérivations dans l’ordre théologico-politique (athéisme, progressisme, relativisme, étatisme et totalitarisme) et anthropologico-juridique (égalitarisme, jusnaturalisme et individualisme). / Beyond dispersion set of themes and aphoristic of the work of the Colombian philosopher Nicolás Gómez Dávila (1913-1994), a spectrum haunts his thought: the spectrum of the Gnosticism. Which link this current religious or para religious born within the Roman Empire between 1st and the 3rd century of our era, can it have with our modern world? Which maintenance report this current with philosophy? Indeed, philosophical knowledge is completely different from gnostic “knowledge” (gnosis). Whereas philosophy, on the one hand, is based on a research of the truth starting from a questioning on reality, the gnosis is closely related to an experiment of revelation, so that the reception of the truth, by interior illumination, replaces the theory and the rational argument. In addition, it has as an aim the way of the salvation, without theoretical teaching, by transformation or destruction of reality. One can thus only wonder about coincidences between the old gnosis and what the Austria-american philosopher Éric Voegelin (1901-1985) named “modernity without restraint”. Couldn’t one see in the modern ideologies (communism, socialism, nationalism, liberalism, etc.) following the example of Éric Voegelin, “political religions” or, as it will then develop it in his work a resurgence and growth of Gnosticism seeking here below salvation by the deification of the man? It is the thesis of Gómez Dávila which radicalizes that of Voegelin by making gnosis the origin of the democratic religion and its derivations in the theologico-polical (atheism, progressism, relativism, statism and totalitarianism) and anthropologico-legal order (egalitarianism, jusnaturalism and individualism).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PESC0110 |
Date | 21 December 2016 |
Creators | Rabier, Michael |
Contributors | Paris Est, Delsol, Chantal |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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