La carrière intellectuelle d'Ernest Seillière de Laborde (1866-1955) s'étendit de l'affaire Dreyfus (son premier essai remarqué, une étude consacrée à Ferdinand Lassalle récompensée du prix Marcellin-Guérin de l'Académie française, parut en 1897) à la fin de la Seconde Guerre mondiale (il fit son entrée sous la Coupole en 1946). Parce qu'il considérait que tout bon représentant de l'élite avait pour mission de guider l'ensemble de la civilisation sur la voie du progrès, ce polytechnicien de formation dédia sa vie à l'élaboration d'une doctrine. Sa philosophie de l'Impérialisme, appuyée sur une vision organiciste de la société et une conception disciplinaire de la religion, imprégnée de darwinisme, de nietzschéisme et de gobinisme, et marquée par la mode des sciences psychologiques ainsi que par certains courants de la pensée allemande de son temps, n'avait pour autre but que de permettre à une bourgeoisie déclinante de répondre de manière adaptée à la montée en puissance et aux revendications sociales et politiques des masses. Le Romantisme, d'abord perçu comme un facteur de dégénérescence, fut progressivement envisagé par Seillière comme le pourvoyeur d'une formidable énergie qu'il importait de canaliser dans un sens impérialiste utilitaire. Opposant un Romantisme allemand énergique et virile à un Romantisme français féminin et anémiant, le germaniste en vint à faire la promotion d'un Socialisme rationnel que lui-même et certains de ses commentateurs crurent identifier dans les différents régimes totalitaires qui se développèrent au cours de l'Entre-deux-guerres. Celui qui se présentait comme un historien-psychologue se garda de jouer les premiers rôles dans les grands débats qui agitèrent le monde intellectuel français de son temps. La pensée de cet auteur prolifique ne fut pas pour autant ignorée de ses contemporains, et fit même quelques émules aux sensibilités et trajectoires diverses, mais dont les pensées demeuraient animées par une même obsession du déclin. / French thinker Ernest Seillière de Laborde (1866-1955) pursued a long career from the affaire Dreyfus (his first notable study dealing with Ferdinand Lassalle, rewarded by the prix Marcellin-Guérin of the Académie française, was published in 1897) to the end of the World War II (he entered the Académie française in 1946). The polytechnicien dedicated his entire life in developping a doctrine, claiming that an authentic member of the elite had to lead the whole civilization on the path to progress. His philosophy of Imperialism, based upon an organicist outlook of society and a constraining approach of religion, imbued with Darwinism, Nietzscheanism and Gobinism, and affected by a growing interest for psychological sciences and a number of contemporary german thinking movements, aimed to enable a decaying bourgeoisie to respond efficiently to the issu of the political rise and social demand of the masses. At first, Romanticism was seen by Seillière as a degeneration factor. But it was soon considered by the thinker as a provider of a great power that had to be controlled in an imperialistic utilitarian way. Drawing a comparison between a virile and dynamic Germanic Romanticism and a feminine and weakening French one, the Germanist promoted a rationalitic Socialism he and some of his commentators foresaw in the totalitarian regimes that emerged during the interwar period. He who described hisself as an historian-psychologist did not play the first part in the various intellectual debates of his time. However, the thought of this prolific writer was not ignored by his contemporaries, and raised interest within various thinkers obsessed with the idea of decline.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA100046 |
Date | 16 May 2017 |
Creators | Le Goff, Silvin |
Contributors | Paris 10, Musiedlak, Didier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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