Avec leur entrée en guerre en 1917, les États-Unis s’imposent rapidement comme la principale force économique, industrielle et guerrière au monde. Avec les soldats, ce sont aussi la musique américaine (le rag-time puis le jazz), le cinéma (Charlot en tête, et bientôt les films noirs), ses légendes, ses propres mythes. Alors que la France traverse une crise de civilisation, parler des États-Unis ne saurait être anodin. Les discours sur les États-Unis se chargent alors d’enjeux existentiels, idéologiques mais aussi esthétiques. Aux inquiétudes d’époque qui traversent l’abondante production littéraire sur l’Amérique, se mêlent les sentiments personnels des auteurs. Se font entendre une pluralité de voix et de points de vue qui mettent sérieusement à mal l’idée reçue d’une France unaniment « antiaméricaine ». Rares sont les auteurs qui ne s’expriment pas à un moment ou un autre sur les États-Unis, qu’ils y voient la préfiguration de la vie future, ou l’avant-garde de la décadence, un marqueur de modernité ou l’occasion d’amitiés transatlantiques, un contre-modèle politique ou l’occasion d’une utopie démocratique… Ainsi a lieu l’avènement d’un foisonnant imaginaire français des États-Unis, bien loin d’un prétendu discours monologique, qui est l’occasion d’un formidable élargissement de l’horizon des écrivains, ou au contraire d’un repli européen ou national, parfois même nationaliste. Notre thèse se propose donc de rendre compte de la position centrale des États-Unis dans l’existence et la réflexion des écrivains français de l’entre-deux-guerres à travers les multiples formes de résonances et de déflagrations du mot et de la chose « Amérique » dans leur vie imaginative. On aura compris qu’il n’est pas nécessaire, pour parler d’Amérique, d’avoir traversé l’Atlantique. Les États-Unis apparaissent comme un terrain propice à la fiction entendue dans le sens large de mythologies, fantasmes, clichés, représentations symboliques… Il faudra donc débusquer le stéréotype, le cliché, la projection d’un imaginaire personnel dans les œuvres, sans en sous-estimer la pertinence. Les textes littéraires évoluant dans un rapport ambigu à la réalité, il est possible que la ligne de partage traditionnelle entre le vrai et le faux ne soit pas des plus adéquates. Car il est vrai que l’Amérique des textes semble bien souvent être celle des fantasmes (personnels ou collectifs), ceci n’excluant d’ailleurs pas, par moments, le pressentiment d’une vérité ou la compréhension. La crise succédant au 11 septembre est le moment propice pour restituer dans sa complexité l’histoire plurielle d’un regard sur l’autre, au-delà de l’aversion et de la fascination trop souvent présentées comme les deux seules voies empruntées par les écrivains français / When they entered World War I in 1917, the USA rapidly established themselves as the main economic, industrial and military power in the world. Alongside the soldiers, it was also about American music (rag-time and jazz), cinema (the Tramp to begin with and very soon the film noir), legends and their own myths. While France was undergoing a civilisation crisis, talking about the USA could not be insignificant. Talks about the USA became then full of existential, ideological, but also aesthetic stakes. On the top of the worries of the time going through the abundant literary production about America, came the personal feelings of the authors.The many voices and points of view that could be heard seriously undermined the common idea of France being completely anti-American. The authors not talking at some point or another about the USA were very rare, whether they saw in it the foresight of a future life, the avant-garde of decadence, a landmark of modernity or the opportunity for Franco-American friendship, a countermodel in politics or the occasion to see in it a democratic utopia... It was hence the coming of age of a proliferating French imaginary about the USA, quite far from a monological speech which consisted in an amazing broadening of the writer's horizon, or, on the contrary, in a European withdrawal, sometimes even nationalist. Our thesis offers then to account for the central position of the USA in the being and reflection of French writers of the interwar period through the multiple shapes of resonance and deflagration of the word and the thing « America » in their imaginary life.We have understood by now that it is not necessary, in order to talk about America, to have actually crossed the atlantic. The USA appear as a favorable place to foster fiction-in its broad meaning encompassing mythology, fantasy, clichés, symbolic representations… Our job will be then to hunt down the stereotypes, clichés, the personal projection of the imagination in the works without underestimating its relevance. Since the literary texts evolve with an amibiguous relationship with reality, it is possible that the traditional division between true and false may not be adequate. It is true indeed that the « America » in the texts seems quite often to be the product of fantasies (personal or collective), it does not however exclude, sometimes, the feeling of a truth or understanding. The post 9/11 crisis is the right time to re-establish, within its full complexity, the plural history of a look on the other, beyond the avertion or fascination so often introduced as the only two paths taken by the French writers.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014LYO20093 |
Date | 06 November 2014 |
Creators | Buffet, Alexis |
Contributors | Lyon 2, Martin, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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