Les FabLabs, les hackerspaces et les makerspaces sont des ateliers collectifs équipés de machines à commandes numériques et organisés en réseau. Ces lieux s’inscrivent dans l’élan du mouvement maker et dans l’héritage des hackers. Ils se présentent comme des espaces ouverts à tous et pour tout faire. Malgré une forte médiatisation, la réalité des discours et des pratiques qui s’y développent est encore peu étudiée. Cette thèse en esthétique et en design s’appuie sur une vaste enquête ethnographique menée de 2012 à 2015 au coeur de ces communautés, en France et à l’étranger.De nombreux entretiens et observations dessinées permettent une description critique des manières de faire rencontrées sur ces terrains.Les pratiques, les discours et les ambitions de la fabrication numérique personnelle se construisent dans les marges des territoires classiques de l’industrie et du design et en brouillent les cadres historiques. La première partie de la thèse retrace les origines des mouvements maker et hacker et des FabLabs. En s’appuyant sur des données de première mains et sur des récits plus classiques, elle montre comment la contre-culture américaine et les ambitions technophilesdes chercheurs du MIT rencontrent des appropriations locales divergentes.La réhabilitation du plaisir au travail et l’héritage des Arts and Crafts sont deux aspects qui permettent d’envisager ces lieux comme des terrains d’expérimentation sociale, au-delà de la stricte production. Dans la deuxième partie, la thèse se concentre sur les valeurs d’ouverture et de partage prônées par les amateurs, bricoleurs, makers ou inventeurs contemporains. L’hypothèse d’un design ouvert et participatif conçu hors des standards de la production industrielle de masse est examinée. L’« open design » place la production d’objets dans le sillage de l’open source. Les résultats de ce type de production dessinent les contours encore fl ous d’un territoire nouveau pour le design.La troisième partie étudie les promesses et contradictions qui entourent la démocratisation de l’innovation et de la production. L’impression 3D est prise comme cas d’étude emblématique pour étudier les ambivalences de l’émancipation espérée par les porteparoles du mouvement maker. Ces pratiques hésitantes nourrissent les ramifi cations de ce que nous proposons d’appeler un design diffus. Celui-ci se développe par tâtonnements dans les communautés d’amateurs et touche à des activités créatives d’invention, de Conception et de fabrication.L’étendue rhizomatique des manières de faire propresau design diff us est composée d’objets sans apparat,situés dans les marges de l’industrie. Selon la défi nitionqui en est proposée, ils sont conçus de manière ouverteet documentée dans l’objectif d’explorer et de contribuerà la découverte des technologies de la fabricationnumérique personnelle. Sans constituer de paradigmeclos, le design diff us détourne les normes instituées etles procédures classiques du design et de l’industriepour proposer une conception exploratoire et ouverte dela fabrication. / FabLabs, hackerspaces and makerspaces are shared workshops, equipped with digital tools and organised in a network. These places are connected to the maker movement and are heirs to hackers.They off er themselves as places where anybody can come and make anything. In spite of some strong media coverage, the reality of discourses and practices that occur in those places has not yet been much studied. This dissertation in Aesthetics and design is based on a large ethnographic survey conducted between 2012 and 2015, in France and abroad. A series of interviews and drawn observations allows for a critical description of the ways of doing that can be witnessed on these fields. Practices, discourses and ambitions of personal digital fabrication are built in the margins of the classical fields of industry and design, blurring their historical frames. The fi rst part of this dissertation retraces the origins of FabLabs as well as of the maker and hacker movements. First hand data and classical accounts reveal how American counter-culture and the technophile ambitions of MIT researchers result in diverging local appropriations.The rehabilitation of pleasure at work and the heritage of the Arts and Crafts both point to these places as fields ofsocial experimentation, beyond mere production. In the second part, this dissertation focuses on the values of openness and sharing advocated by contemporary amateurs, tinkerers, makers or inventors. The hypothesis of a design that could be open, participative, out of the standards of industrial mass production is examined. « Open design » places the production of artefacts in the wake of open source. This type of production ends up shaping a new, though hazy, field for design.The third part studies the promises and contradictions that surround the democratization of innovation and production. 3D printing is taken as an emblematic case study to consider the ambivalences behind the emancipation expected by representatives of the maker movement.These indecisive practices feed the branches of what we might call 'diff use design'. It develops itself by trial and error in amateur communities and reaches creative activities of invention, conception and fabrication. The rhizomatic area of diff use design comprises rather plain objects, situated in the margins of industry. According to this defi nition, they are produced in an open and documented way, in order to explore and contribute to the discovery of digital fabricationtechnologies. Diff use design is not a closed paradigm, but turns away from instituted norms and off ers an openand exploratory conception of fabrication.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016REN20009 |
Date | 27 January 2016 |
Creators | Bosqué, Camille |
Contributors | Rennes 2, Thély, Nicolas |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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