L’anticipation de l’après-pétrole est, depuis le milieu des années 2000, le leitmotiv du gouvernement des Émirats arabes unis. Au-delà de l’objectif de diversification économique, ce projet passe par des politiques de développement urbain et le contrôle des populations étrangères qui représentent 88 % des résidents. Souvent considérés comme la génération ayant bénéficié des revenus pétroliers, les jeunes adultes nés aux Émirats sont les premiers à subir les effets de ces politiques. Fondée sur une ethnographie des jeunes Émiriens et expatriés arabes ayant grandi à Abou Dhabi, cette thèse prend le contrepied d’analyses souvent centrées sur la division entre citoyens et non-citoyens. Une telle approche permet d’explorer la complexité des hiérarchies statutaires et de leur traduction dans l’espace public. Elle permet surtout de les confronter avec les identifications en termes d’âge et de génération qui se dessinent à travers les sociabilités urbaines de ces jeunesses arabes. Du cosmopolitisme consumériste mis en scène dans les shopping malls, à l’investissement des marges urbaines, en passant par des formes spécifiques d’anonymat, ces jeunes adultes investissent des temporalités et des territoires qui leur sont propres. Ils y façonnent des subjectivités singulières s’exprimant à travers des répertoires communs, notamment une langue arabe réinventée et les usages d’internet. Parmi les imaginaires ainsi partagés, la nostalgie pour les espaces urbains dans lesquels ils ont grandi participe à l’élaboration de leur sentiment commun d’appartenance à la société urbaine. L’étude des pratiques sociales et des processus de subjectivation des jeunesses arabes d’Abou Dhabi ouvre ainsi la voie à l’analyse anthropologique des modes de structuration sociale et de l’urbanité spécifique de la société émirienne contemporaine. / Since the mid-2000s, anticipating the post-oil era has been the leitmotiv of the United Arab Emirates (UAE) government. Beyond the project of economic diversification, it has translated to policies of urban development and to the control of foreign residents, who constitute 88 % of the country’s population. Although seen as the generation who benefitted from oil revenues, the young adults who were born in the UAE are subjected first-hand to the consequences of these policies. Based on the ethnographic study of young Emiratis and Arab expatriates who grew up in Abu Dhabi, this thesis detracts from analyses often focused on the divide between citizens and non-citizens. Through an in-depth exploration of the complexities of status hierarchies, it shows how these are translated to public space, but most of all how they are confronted to identifications in terms of age or generation emerging from young adults’ urban sociabilities. From a consumerist cosmopolitanism played out in shopping malls to the appropriation of urban margins and particular forms of anonymity, the Arab youths of Abu Dhabi indeed appropriate specific temporalities and territories. Within them, they model idiosyncratic subjectivities which are expressed through shared practices and modes of communication, including a reinvented Arab language and Internet uses. Among the imaginaries which are thus produced, nostalgia for the urban spaces in which they grew up contributes to shaping their feeling of belonging to urban society. The analysis of social practices and the shaping of subjectivities of the Arab youths in Abu Dhabi thus brings about an anthropological understanding of the specific urbanity of contemporary Emirati society, as well as it sheds light on the processes which shape its social structure.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA100008 |
Date | 13 January 2017 |
Creators | Assaf, Laure |
Contributors | Paris 10, Mermier, Franck |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image, StillImage |
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