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Une abbaye de renom à l'époque moderne : l'Abbaye aux Dames de Saintes (fin du XVe siècle - début XIXe siècle)

Entre la fin du Moyen Âge et la Révolution, l'histoire de l'abbaye de Saintes, deuxième communauté féminine de France par ses revenus, grand seigneur de sa province, s'avère incontournable tant pour la connaissance des communautés religieuses que celle de la Saintonge. Avoir recours aux actes notariaux et à toutes les sources externes disponibles permet de pallier la destruction des archives du monastère à la Révolution pour en établir une histoire globale.Le pouvoir royal ne parvient à y imposer la nomination des abbesses qu'en 1544, laissant se mettre en place une longue dynastie de supérieures de lignages du Sud-ouest. Après l'échec, en 1511 et 1530, de deux réformes de la communauté imposées par les autorités civiles, suite à une longue préparation dès le XVIe siècle, Françoise II de Foix, réussit durablement à mettre fin à des abus remontant au Moyen Âge. Rapportés par un journal janséniste, les épisodes mystiques extrêmes vécus par les moniales (1777-1787) défraient la chronique. Révélant l'isolement spirituel d'une communauté contemplative à l'époque des Lumières, ils sont riches de sens pour la connaissance de l'existence de pratiques surannées et de l'évolution des mentalités. C'est l'occasion pour l'évêque et la noblesse locale d'un projet de remplacement de l'abbaye par un chapitre de chanoinesses. Si des filles de parlementaires puis de négociants entrèrent à l'abbaye respectivement aux XVIIe et XVIIIe siècles, la vieille noblesse du Centre-ouest domina constamment l'effectif. La prise d'habit doit être située dans le cadre de stratégies familiales et servait à marquer une ascension sociale lignagère. Toute-puissance des abbesses, moniales vivant dans un relatif confort, la lecture tenant une grande place. Faisant preuve de ferveur, l'abbaye reçoit les courants spirituels successifs. A la Renaissance, elle protège des humanistes. Au XVIIe siècle, elle adhère de manière passionnée au jansénisme puis suit la voie du rigorisme avant de choisir une direction jésuite. Le monastère conserve son patrimoine à l'issue de nombreux procès. Il mène une politique de charité limitée eu égard à ses revenus mais s'avérant efficace. S'appuyant sur des receveurs ou des fermiers bien renseignées et ambitieux, il met en valeur efficacement ses biens, développant les brûleries à Oléron et faisant précocement assécher des marais en Poitou au prix de conflits. Les fermiers, souvent des proches des abbesses, connaissent une ascension qui les amènera à occuper les principales fonctions politiques après la Révolution, établissant ainsi une continuité inattendue entre Ancien et Nouveau Régime.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00909678
Date16 April 2012
CreatorsTissot, Allan
PublisherUniversité Michel de Montaigne - Bordeaux III
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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