L’intervention thérapeutique recèle des enjeux importants de pouvoir, ne serait-ce que par les abus que la position de pouvoir du praticien est susceptible d’engendrer. Les travailleurs sociaux sont particulièrement interpellés par les questions de pouvoir. L’identité professionnelle et l’intervention sont deux axes du travail social qui recèlent d’importants enjeux de pouvoir. La profession, issue de la philanthropie ecclésiastique se définit par ses valeurs de justice sociale et de dévouement envers les exclus et les plus démunis, favorise les approches visant à aplanir les disparités de pouvoir. La perception négative du pouvoir et son articulation au sein de l’intervention sont à l’origine des questions qui ont guidé cette recherche : comment les intervenants font l’expérience du pouvoir avec leurs clients? Et plus spécifiquement, comment se représentent-ils le pouvoir et sa distribution dans ce cadre ? Convaincu de la possibilité de transférer nos conclusions à la pratique du travail social nous avons choisi d’observer les hypnothérapeutes pour répondre à nos questions de recherche. Ces derniers ont une interprétation positive du pouvoir et ils n’hésitent pas à faire usage de l’influence dans leurs interventions. Inspirée des travaux de Negura (2019) et de Moscovici (1961) sur les représentations sociales ainsi que ceux de Foucault (1975) sur la dynamique du pouvoir, la recherche a été menée à l’aide d’entrevues semi-dirigées effectuées auprès de 21 hypnothérapeutes québécois. L’analyse thématique révèle que les hypnothérapeutes se représentent l’hypnose comme une technique puissante et un adjuvant à la thérapie. Cet état spécifique de conscience permet en outre de connecter avec l’inconscient. Les représentations de l’hypnose en prescrivant le comportement hypnotique jouent un rôle déterminant dans le vécu de l’expérience hypnotique. En ce qui concerne la représentation du pouvoir, trois acceptions ressortent de l’analyse du discours des hypnothérapeutes : un pouvoir-ressource qui considère que chaque individu est dépositaire de ressources sur lesquelles le pouvoir s’appuie pour atteindre ses objectifs ; un pouvoir-substance qui fait qu’il est possible de transmettre et/ou de recevoir du pouvoir et un pouvoir égalitaire qui envisage une répartition équitablement du pouvoir entre les individus. Outre ces acceptions, il est ressorti de l’analyse que la légitimité est une condition préalable à la pratique de l’hypnose. Afin de maintenir cette légitimité auprès de leurs clients, les hypnothérapeutes mettent en œuvre les stratégies nécessaires. Les effets de langage et la fabrication de sens ; la spectacularisation ou la mise en scène de l’hypnose ; la recherche de crédibilité scientifique et le discours de peur sur les dangers potentiels de l’hypnose sont au cœur de ces stratégies. Les résultats de l’analyse sont ensuite confrontés à l’exercice du travail social. Il apparait que le discours et les représentations sociales véhiculent des significations qui permettent l’exercice du pouvoir. En outre leur implication dans la légitimation des pratiques et des acteurs leur confère des effets de pouvoir. L’acception positive du pouvoir qui ressort de l’analyse peut servir de point de départ pour animer et élargir des discussions sur l’intervention en travail social.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/42245 |
Date | 02 June 2021 |
Creators | Lavoie, Claude |
Contributors | Negura, Lilian |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | application/pdf |
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