C.G. Jung et ses proches collaborateurs ont souligné l’importance de l’imago maternelle aussi bien pour les individus que pour les groupes et les sociétés. Si cette thématique n’a guère été développée dans l’œuvre de Freud, cela n’est pas la cas pour les psychanalystes freudiens des générations suivantes, citons à cet égard Mélanie Klein ou D.W. Winnicott par exemple. Il revient tout particulièrement aux travaux des psychanalystes français Didier Anzieu et René Kaës d’avoir tenté d’articuler l’individuel et le collectif dans leurs travaux sur les groupes, et d’avoir confirmé l’équivalence du groupe et du complexe ou de l’imago maternels.1 Dans cette thèse j’ai souhaité examiner et évaluer l’importance de cette représentation maternelle dans la vie politique française tout au long de ce qui constitue une période fondatrice pour la vie politique française contemporaine, de la Révolution à la Première guerre mondiale. J’ai choisi de procéder à cette étude à partir des métaphores et allégories maternelles que l’on trouve dans les discours publics, ceux-ci incluant aussi bien les discours politiques proprement dits que les discours prononcés lors de distribution de prix à l’école, par exemple. Je ne procède pas, ou très peu, à des interprétations psychanalytiques, sauf lorsque cela me semble évident. Le cadre de référence actualisé de ma thèse est constitué par la recherche historique, mais la psychanalyse en représente « le cadre fantôme ou complémentaire», pour reprendre l’heureuse expression de René Kaës. A la suite de cette recherche, force est de constater l’emploi généralisé des métaphores et allégories maternelles dans la plupart des discours publics de cette période, sous des formes multiples : citons par exemple la Nature pendant la Révolution, la Jérusalem céleste puis la Vierge Marie dans le camp conservateur et d’autres représentations créés par les premiers socialistes, dont la Communauté (Etienne Cabet), ou bien encore la France maternelle et messianique de Michelet, la patrie des Républicains, la religion de l’Humanité du positivisme,celle de la Terre et des Morts de Barrès, etc.. La métaphore et l’allégorie maternelle constituent alors la promesse d’un idéal et/ou la demande de soumission. Ces figures maternelles ont des enfants, et dans les discours publics principalement des fils. Cette thèse constate l’importance de la relation privilégiée entre la mère et ses fils au niveau politique. Le « premier » de ces fils se pose le plus souvent en tant que porte-parole ou interprète de la métaphore à laquelle il se réfère : Robespierre, Napoléon Ier et Gambetta en sont quelques exemples. Dans le contexte imaginaire et idéologique induit par ces métaphores et allégories maternelles, l’individu et la femme en tant que tels, n’existent guère, la relation entre la Mère et son Fils constitue le principal modèle d’identification proposé. / C.G. Jung and his followers have emphazised the importance of the maternal imago forindivuals, groups and societies. This topic was barely developped by Freud, which is not thecase for Freudian analysts of the following generations ; one might cite for example MelanieKlein or D.W. Winnicott. Didier Anzieu and René Kaës, both French psychoanalysts, havemade an attempt to articulate the individual and the collective in their studies about groups andhave confirmed the equivalence of the group and the maternal imago. In this doctoral thesis, Ihave attempted to examine and assess the importance of this maternal representation in Frenchpolitical life during this formative period for French politics which lasts from the Revolution toWWI. I have chosen to study this issue through maternal metaphors and allegories in publicdiscourses, which include political speeches and other discourses, like award speeches at school,for example. I do not give psychoanalytical interpretation, unless it seems obvious. Thereference framework of this thesis is historical research, but psychoanalysis is itscomplementary or shadow framework. The results of the research show that maternalmetaphors and allegories were widely used in most public speeches of that time, in manydifferent forms. Nature (during the Revolution), heavenly Jerusalem or Virgin Mary in theconservative camp, and other maternal representations which were created by the early socialists– among which the “Community” (Etienne Cabet) – as well as Michelet’s maternal andmessianic France. The Republicans’ father - or rather motherland, the religion of Humanity asseen by Auguste Comte and the positivists, the religion of the Earth and the Dead (MauriceBarrès) are some examples... Maternal metaphors and allegories constitute a promise ofhappiness, an ideal and/or a submission request. These mother figures have children, mainlysons. This doctoral thesis confirms the importance of the privileged relationship between motherand son on the political level. Very often the “first” of these sons establishes himself as thespokesman or the interpreter of this metaphor or allegory. Robespierre, Napoléon, the first emperor of France, or Gambetta are some examples. In the ideological or fictional contextwhich these metaphors and allegories induce, there is hardly any room for the individual or forthe woman as such, the relationship between Mother and Son is the main identification modelwhich is proposed.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017AVIG1176 |
Date | 17 March 2017 |
Creators | Demeure, Brigitte |
Contributors | Avignon, Thébaud, Françoise, Guilhaumou, Jacques |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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