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Un espace pour la langue : les institutions religieuses et le maintien des langues d’héritage à Montréal

Le transfert linguistique est un grand défi contemporain touchant tout particulièrement les langues
d’héritage, qui courent le risque d’être remplacées par les langues majoritaires ou dominantes en
contexte migratoire (Fishman 2006, 1968). En effet, l’institutionnalisation d’une langue officielle
affecte inévitablement l’emploi des autres langues, y compris celles des communautés immigrantes
allophones. Les cours de langues d’héritage cherchent à pallier le transfert à travers l’enseignement
explicite de la langue, souvent axé sur une variété standard de celle-ci. Or, cette socialisation
linguistique formelle et prescriptive n’entraîne pas toujours une attitude positive envers les langues
d’héritage, puisque les apprenants sont demandés de les « performer », plutôt que les employer en
tant que moyen de communication (Meek 2010, Das 2008).

Notre étude se focalise sur le rôle des institutions religieuses dans le maintien des langues
d’héritage à Montréal. Nous démontrons que les lieux de culte fondés par et rattachés à une
communauté immigrante ouvrent des espaces où la relation entre langue et identité n’est pas fixe,
précisément parce que le but des activités et événements n’est pas la langue en tant que telle. Étant
donné que la langue n’est pas la cible mais le médium, ces institutions fournissent des conditions
propices aux interactions en langue d’héritage. Ce mémoire est basé sur notre terrain
ethnographique dans cinq églises à Montréal, chacune caractérisée par une conceptualisation
différente de la relation entre la langue et la religion, et reliée à une communauté immigrante
allophone distincte. Notre recherche démontre l’importance des institutions affleurant des
communautés immigrantes elles-mêmes dans le maintien linguistique. / Language shift from heritage languages to dominant, national languages among immigrant communities has been an important object of study in the sociology of language (Fishman 2006, 1968). The institutionally stabilized and ideologically sanctioned hegemony of the national language inevitably affects the use of all other languages, including those of allophone immigrant communities. Heritage language programs attempt to stay language shift by explicit language instruction often itself focused on a standard variety of the heritage language. However, explicit language socialization does not always foster a positive attitude towards heritage languages, since learners are solicited to “perform” linguistic competence, rather than use them as a means of emergent quotidian communication (Meek 2010, Das 2008).
My study focuses on the role of religious institutions in maintaining heritage languages in Montreal. I show that places of worship founded by and linked to an immigrant community generate spaces where the relationship between language and identity is not over-determined, allowing for flexible and heterogeneous engagements with the heritage language. The focus of activities in religious settings is geared towards fostering a sacred community, not language instruction per se. Such settings, in which language is not the goal but the medium of collective activity, provide conditions favourable to interactions in heritage language. This thesis is based on our ethnographic field research in five churches in Montreal, each characterized by a different conceptualization of the relationship between language and religion, and each linked to a distinct allophone immigrant community. My research shows the importance of institutions that emerge from immigrant communities in language maintenance.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24145
Date12 1900
CreatorsRaux-Copin, Adèle
ContributorsFleming, Luke
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse

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