Le but de cette étude est de proposer une conceptualisation de la résilience familiale en tant que processus au sein de couples dont la femme est atteinte d’insuffisance cardiaque (IC). D’année en année, cette maladie cardiaque chronique afflige non seulement un nombre croissant de femmes mais tout autant leur partenaire de vie. On reconnaît de plus en plus que l’expérience de ces femmes diffère de celle de leur homologue masculin. Quant à l’expérience de leur conjoint et celle en tant que couple, ces dernières demeurent toujours peu abordées dans les écrits. Les couples constitués d’une femme atteinte d’IC doivent affronter de nombreuses difficultés inhérentes à l’IC qui peuvent les amener à faire preuve de résilience familiale.
Pour atteindre notre but, une approche par théorisation ancrée a été utilisée. Les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues semi-structurées conjointes auprès de 12 couples, d’un questionnaire sociodémographique et de notes de terrain. L’analyse de ces données a permis de proposer cette conceptualisation de la résilience familiale en tant que processus au sein de ces couples. L’IC au féminin est une expérience empreinte de difficultés pour les couples. Ils font face au choc encouru par le lot de bouleversements liés à l’IC qui perturbent à jamais tous les plans de leur vie conjugale. Devant une telle situation de vie aussi déplorable, ils sont appelés à s’engager dans un processus de résilience familiale. Cet engagement s’actualise par la mise en place de maintes stratégies en majorité conjugales, sauf quelques-unes qui relèvent de chaque membre des couples, et ce, selon deux perspectives de la résilience familiale. En effet, les couples rebondissent, selon la première perspective, en faisant face au choc de façons individuelle et conjugale. Sur le plan individuel, les membres tendent à se prendre en main tout en conservant leur propre autonomie. Pour ce faire, les femmes atteintes d’IC prennent, d’une part, le contrôle de l’IC et de ses manifestations et, d’autre part, soin de leur personne sur les plans physique et psychologique. Prendre ce contrôle devient possible en gérant leur énergie, en découvrant des astuces et en se responsabilisant face à l’IC. Parallèlement, les conjoints privilégient une seule et unique stratégie individuelle, soit de s’ouvrir à d’autres façons de faire. Quant au plan conjugal, les couples tendent à préserver à la fois leur autonomie et leur complicité à travers l’expérience liée à l’IC. A cette fin, ils font place à la réciprocité du prendre soin et s’activent à solidifier et réitérer leur autonomie conjugale en s’ouvrant aux ressources familiales et communautaires et en dosant la place laissée à l’IC au sein de leur couple. Selon la seconde perspective, les couples rebondissent, cette fois, en ressortant grandis, et ce, en découvrant de nouvelles façons de faire et en donnant un sens à leur expérience liée à l’IC. Pour découvrir de nouvelles façons, ils s’adonnent ensemble à des activités revisitées. Pour donner un sens, ils relativisent les bouleversements liés à l’IC qui s’actualisent par ces stratégies : dresser un bilan de la vie conjugale/familiale, adopter des leitmotive propices, et finalement, découvrir et se laisser porter par la magie des petits-enfants.
À notre avis, les connaissances qui découlent de cette conceptualisation de la résilience familiale en tant que processus contribuent à l’avancement de connaissances dans le domaine des sciences infirmières. Cet apport de connaissances devrait aider les infirmières à mieux comprendre ce processus et contribuer au renouvellement des pratiques infirmières auprès des couples aux prises avec l’IC au féminin. / The purpose of this study is to propose a conceptualization of family resilience as a process undertaken by couples where the woman is suffering from chronic heart failure (CHF). Year after year, this chronic disease afflicts not only a growing number of women, but also, and just as much, their life partner. There is increasing recognition that the experience of these women differs from that of their male counterparts. The experience of the male partner as well as the experience of the couple are not often discussed in the literature. The couple consisting of a woman with CHF faces many difficulties inherent in the CHF, difficulties that may require the couple to show family resilience.
To achieve our goal, a grounded theory approach was chosen. Data collection used joint semi-structured interviews with 12 couples. As well, a sociodemographic questionnaire and field notes were used. Rigorous analysis of the data permits the proposal of a conceptualization of family resilience as a process undertaken by these couples. In fact, the CHF of the woman is a difficult experience for the couple. Each one faces a shock incurred by the many upheavals associated with CHF that disrupt forever all the plans of their life together. In such an unfavorable life situation, they are called to engage in a process of family resilience. According to two perspectives of family resilience, their commitment to such a process is actualized by the implementation of many strategies, most of which are marital, though a few of them are carried out separately by each member of the couple. Indeed, according to the first perspective, couples bounce back in facing the shock of the diagnosis both individually and as a couple. Individually, each member of the couple tends to take charge while retaining his or her autonomy. To do this, women with CHF take control of the illness and its symptoms, and take care of themselves both physically and psychologically. To do so requires managing their energy, discovering inventiveness and taking responsibility for the CHF. Meanwhile, their male partner prefer the single individual strategy of becoming open to other ways of doing things. As for couple strategies, couples tend to maintain both their independence and their complicity in the experience related to the CHF. To this end, they use their reciprocity of care and work to strengthen and reaffirm their conjugal autonomy by being more open to extended family and community and by carefully measuring how much place the CHF will have in their relationship. According to the second perspective, couples bounce back, this time in growing as a couple by discovering new ways of behaving and finding meaning in their experience of living with CHF. To discover new ways, they revisit together all previous activities. To find meaning, they relativize the upheavals of the CHF by such strategies as a life review of their experience as couple and family, the adoption of suitable leitmotifs and, finally, the discovery and appreciation of grandchildren.
In our opinion, the findings of this study make an important contribution to nursing knowledge. This should help nurses to better understand the process of family resilience as a process and contribute to the improvement of nursing practice with couples struggling with CHF in women.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/4887 |
Date | 08 1900 |
Creators | Campagna, Lyne |
Contributors | Gratton, Francine, Cossette, Sylvie |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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