L’objectif de cette thèse est de jeter un éclairage sur ce qui influence une personne, ayant peur d’être abandonnée, à s’automutiler. Les modèles psychologiques des relations d’objet et de l’attachement ont montré empiriquement que la peur de l’abandon, via les concepts de l’anxiété d’attachement et de la dépendance, est associée à l’automutilation. Cependant, la nature de cette relation n’a jamais été approfondie. Après avoir défini et mis en contexte la notion d’automutilation, une explication théorique est proposée à l’aide des approches des relations d’objet, de l’attachement et de l’évitement expérientiel des fonctions de l’automutilation, afin de mieux comprendre ce qui influencerait une personne dépendante à s’automutiler. La présente thèse suggère que les individus dépendants et ayant peur d’être abandonnés s’automutileraient afin de gérer leurs émotions négatives liées à la perception d’un abandon, d’une séparation ou d’un rejet. Cette influence de l’automutilation se ferait, théoriquement, à travers des fonctions de régulation intrapersonnelle et interpersonnelle, telles que la régulation affective, l’autopunition et l’influence interpersonnelle, mais également par une fonction d’évitement de l’autonomie. Ces fonctions permettraient de préserver les représentations internes d’une relation de dépendance et ainsi réduire les sentiments subjectifs de l’abandon.
Pour appuyer empiriquement ces propositions, 58 participants consultant en clinique externe de psychologie ont, entre autres, complété le Questionnaire des expériences dépressives (DEQ), l’Inventaire d’énoncés sur l’automutilation (ISAS) et l’Entrevue diagnostique révisée pour les troubles limites de la personnalité (DIB-R). Les résultats montrent qu’une dépendance, de type anaclitique, et la fréquence de l’automutilation sont associées et que leur relation peut s’expliquer par les effets médiateurs des difficultés sur les plans affectifs et interpersonnels. En outre, la dépendance anaclitique apparaît être liée spécifiquement à différentes fonctions de l’automutilation, soit symboliser la détresse interne, l’antidissociation, l’influence interpersonnelle ainsi que l’évitement de l’autonomie. Ces résultats suggèrent que la dépendance anaclitique favorise l’expérience de difficultés affectives et interpersonnelles qui augmentent la fréquence de l’automutilation. En outre, ils suggèrent que l’automutilation, associée à ce type de dépendance, servirait à réguler des états affectifs internes, influencer l’environnement interpersonnel et éviter l’autonomie. Quant à elles, la régulation affective et l’autopunition sont présentes chez une majorité des personnes qui s’automutilent, sans égard à leur niveau de dépendance. Ainsi, si ces fonctions sont bien liées théoriquement à la dépendance derrière l’automutilation de certains individus, les analyses rappellent qu’elles contribuent également à l’automutilation chez des personnes n’ayant pas de crainte particulière de l’abandon. / The objective of this thesis is to shed light on what may lead a dependent person who fears abandonment to engage in self-injury. Psychological models of object relations and attachment have shown that self-injury is empirically associated with fear of abandonment via dependency and attachment anxiety. However, the nature of this relationship has yet to be thoroughly explained. Having defined and contextualised self-injury, a theoretical explanation is proposed through object relations, attachment and experiential avoidance functions of self-injury, all with the goal of better understanding what can influence a dependent individual to self-injure. This thesis suggests that individuals who are dependent and afraid of being abandoned might use self-injury to regulate negative emotions associated with their perception of abandonment, separation or rejection. Theoretically, this influence of self-injury could occur through intrapersonal and interpersonal functions, such as affect regulation, self-punishment and interpersonal influence, as well as autonomy avoidance. These functions might serve to protect internal representations of dependence and thus, reduce subjective feelings of abandonment.
To test these theoretical proposals, 58 outpatient participants completed, among other measures, the Depressive Experiences Questionnaire (DEQ), the Inventory of Statements About Self-Injury (ISAS) and the Revised Diagnostic Interview for Borderlines (DIB-R). Results showed a relationship between anaclitic neediness and self-injury frequency, which was explained by mediator effects of both affective and interpersonal problems. Furthermore, this type of dependency was found to be specifically associated with marking distress, anti-dissociation, interpersonal influence and autonomy avoidance functions of self-injury. These findings suggest that anaclitic neediness favours the experience of affective and interpersonal difficulties, which in turn increase the frequency of self-injury. Results also suggested that self-injury associated with this type of dependency might serve to regulate internal affective states, to influence the interpersonal environment and to avoid autonomy. Affect regulation and self-punishment functions were endorsed by the majority of individuals who self-injured, regardless of their level of dependence. While these two functions are associated in theory to dependency issues that underpin self-injury for some individuals, analyses indicated that these functions also contribute to self-injury behaviour in people who do not fear abandonment specifically.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/18489 |
Date | 04 1900 |
Creators | Daelman, Sacha |
Contributors | Gagnon, Jean |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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