La judéité, c’est-à-dire le rapport personnel et singulier qu’un individu entretient avec son origine juive, trouve dans certaines oeuvres littéraires une résonance majeure. S’il est hasardeux d’assigner des écrivains à une identité par essence problématique, il n’est pas anodin d’interroger leur rapport à cette identité en tant que producteur de choix formels et thématiques. Il est ainsi moins question de trouver une place à l’écriture de la judéité à l’intérieur d’une littérature minoritaire canonisée, que, plutôt, d’interroger les formes changeantes de cette écriture au fil des époques et des esthétiques. À travers un corpus constitué principalement par les oeuvres d’Irène Némirovsky, de Patrick Modiano et de Marc Weitzmann, ce travail se propose donc d’étudier les évolutions des rapports entre écriture et judéité sur trois générations d’auteurs et d’observer ainsi les mutations de la conscience littéraire juive face aux réalités historiques et culturelles sur une longue période. Il s’agit en particulier d’interroger la mise en scène de la judéité au croisement entre discours autobiographique et discours social. Les oeuvres de Némirovsky, Modiano et Weitzmann sont notamment emblématiques d’une mise en question de l’identité juive, par une réappropriation, parfois ambiguë, parfois détournée, du discours antisémite.L’analyse des textes, parcourant presque un siècle, permet d’ouvrir une perspective spécifique sur la littérature française, jusqu’à ses développements les plus récents. Notamment, la question du terrorisme, liée à la situation au Moyen-Orient, le rapport avec Israël et, enfin, avec une mémoire des camps qui est de plus en plus une post-mémoire, sont au centre non seulement des écritures de la judéité, mais, plus en général, des tendances actuelles de la littérature française. Même au niveau esthétique, des formes textuelles codifiées et répandues dans la contemporanéité, comme l’autofiction, le récit de filiation ou le roman archéologique semblent très aptes à accueillir les interrogations autour d’une identité juive fuyante ou problématique. / Jewishness, that is to say the personal and singular relationship that an individual experiences regarding their Jewish origins, finds significant resonance in certain literary works. If it is dangerous to assign writers an identity that in and of itself is problematic, it is nonetheless useful to interrogate their relationship with this identity as they make formal and thematic choices. This is less a question of finding a place for writing Jewishness within a canonical and minor literary corpus, instead related to questioning the changing forms of this writing as seen in various epochs and within various aesthetics. Through a corpus composed principally of the works of Irène Némirovsky, Patrick Modiano and Marc Weitzmann, this study examines the evolutions of relationships between writing and Jewishness over three generations of authors, as well as changes in the Jewishliterary consciousness as it faced historical and cultural realities over time. This means paying particular attention to the representation of Jewishness at the crossroads of autobiographical and social discourses. The works of Némirovsky, Modiano and Weitzmann are notably emblematic in their questioning of Jewish identity through a reappropriation of anti-Semitic discourses that is at times ambiguous and at times deflecting.Analyzing these texts, which appeared over the course of almost a century, allows us to open a particular perspective on French literature, including some of its most recent developments. Notably, the question of terrorism as it is linked to the situation in the Middle East, relations with Israel, and the memory of the camps as it becomes more often a post-memory, are at the center not only of Jewish writing, but more generally of trends throughout French literature. Even at the aesthetic level, today’s codified and widespread textual forms such as auto-fiction, “récit de filiation” or “roman archéologique” seem quite capable of hosting investigations of a fleeting or problematic Jewish identity.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA100052 |
Date | 07 June 2017 |
Creators | Quaglia, Elena |
Contributors | Paris 10, Università degli studi (Vérone, Italie), Viart, Dominique, Gorris, Rosanna |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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