La question démographique, occupant une place centrale au coeur du conflit qui sévit en Israël et en Palestine, a fait couler beaucoup d’encre. De nombreux chercheurs issus de disciplines telles que la sociologie, la science politique ou même la philosophie ont contribué à la compréhension des origines de ce conflit et de ses conséquences sur les populations humaines. Il va sans dire que les enjeux qui y sont associés sont nombreux et que, pour les comprendre de manière exhaustive, l’interaction de nombreuses disciplines est requise. Puisqu’il s’agit ici d’une thèse en démographie, nous nous limitons aux aspects démographiques du conflit israélo-palestinien. De nombreux ouvrages rigoureux dans d’autres disciplines sont disponibles pour une approche plus holistique.
La fécondité exceptionnelle observée dans la région est souvent associée à une “guerre des berceaux” visant ultimement à obtenir la majorité sur le territoire. Plusieurs théories visant à lier fécondité et contexte politique ont émergé dans la littérature démographique mais aucune d’entre elles n’a été vérifiée empiriquement à la fois auprès des populations palestiniennes et juives (en Israël et dans les territoires palestiniens de la Cisjordanie et Gaza). Ainsi, dans la poursuite de cette thèse, nous souhaitons explorer des avenues qui nous permettraient d’enrichir la connaissance des dynamiques de fécondité dans la région et contribuer à l’effort collectif visant à mieux évaluer les conséquences d’un conflit endémique sur les comportements reproductifs.
Le premier objectif de cette thèse par articles consiste à dresser un bilan de l’état de la fécondité chez les Juives et les Palestiniennes demeurant en Israël et dans les territoires palestiniens en accordant un intérêt particulier à certains déterminants de la fécondité tels que : la contraception, l’âge au mariage, l’origine ethnique et la religiosité. Tout en prenant en considération l’importante hétérogénéité des groupes d’intérêt, nous cherchons à établir certaines similitudes entre Palestiniennes et Juives d’Israël et des territoires palestiniens, qui sont exposées, à des niveaux variables, aux conséquences du conflit. Il s’agit d’une première tentative afin de regrouper ces individus dans une même étude à l’aide de données d’enquêtes.
En second lieu, nous visons à faire la lumière sur les différents comportements de fécondité des Juives en Israël et dans les colonies des territoires palestiniens afin de départager les effets des principaux déterminants de la fécondité israélienne (nationalisme, religiosité et statut socioéconomique) dans les deux régions et leurs évolutions temporelles grâce à des données de recensement. Bien que de nombreuses études se soient penchées sur la fécondité israélienne au niveau national, peu se sont attardées à étudier la sous-population constituée par les colons juifs qui demeure, par conséquent, largement méconnue.
Finalement, nous nous intéressons à l’influence exercée par des facteurs individuels et contextuels sur la fécondité des Palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza. Nous tentons de quantifier les effets du contexte et du nationalisme sur la fécondité. L’objectif consiste principalement à analyser les facteurs liés à la fécondité palestinienne en mettant l’accent sur le rôle des variables contextuelles tout en prenant en compte les divers facteurs socioéconomiques et démographiques. Bien que le conflit soit régulièrement invoqué dans l’explication de la fécondité palestinienne, aucune étude n’a encore démontré empiriquement son rôle.
Les conclusions de cette thèse apportent un éclairage important à la recherche sur la fécondité dans cette région. En effet, il en ressort que les déterminants habituels de la fécondité ne semblent pas avoir un impact majeur sur la fécondité. Cette relative inefficacité des déterminants “classiques” de la fécondité s’expliquerait en partie par des conséquences du conflit. Il en découle une religiosité accrue dans de nombreuses tranches de la population, un fort sentiment nationaliste et des institutions qui veillent à éliminer les obstacles à la fécondité grâce à de nombreux incitatifs fiscaux. Dans un climat social et politique incertain, les valeurs traditionnelles familiales procurent une certaine stabilité. / Demography is central to the Israeli-Palestinian conflict and the consequences of high Palestinian and Israeli fertility have interested many scientists, as population balance is a key determinant in a potential peace settlement. Many researchers from various disciplines such as sociology, political science, or even philosophy contributed to the general understanding of the origins of the conflict and of its consequences on human populations. It goes without saying that to fully understand the issues and consequences of the conflict, a multidisciplinary approach is required. However, because this is a thesis in demography, we limit ourselves to the demographic aspects of the Israeli-Palestinian conflict. For a more holistic approach, many important works are available.
The exceptionally high fertility in the region is often described as a “war of the cradles” ultimately aimed at gaining majority over the land. Such theories implying a political fertility have never been tested empirically simultaneously on both Palestinian Arabs and Jews (in Israel and the settlements in the Palestinian territories). The objective of this thesis is thus to explore different avenues allowing to expand knowledge on fertility dynamics in the region and to contribute to the existing literature on the demography of conflict and more precisely, on the consequences of an endemic conflict on fertility behaviour.
In the first of three articles, we are producing a descriptive portrait of fertility among Israelis and Palestinians living in Israel and the Palestinian territories of the West Bank and Gaza Strip with a particular interest for a number of fertility determinants such as contraception, age at marriage, immigration, and religiosity among others. Despite a clear heterogeneity between the subgroups, we aim at finding some resemblances among them, all exposed at different intensities to the consequences of the Israeli-Palestinian conflict. This represents the first attempt to analyze all groups in the same project using survey data.
The aim of the second article is to highlight the differences in fertility behaviour of the Jewish population living in Israel and to that of the Jewish population living in the settlements of the West Bank and Gaza Strip and to distinguish the effects of various determinants of Israeli fertility (nationalism, religiosity, and socioeconomic status) in both regions and over time using data from the 1995 and 2008 censuses. Even though many articles have studied the impact of such determinants of fertility in Israel, none yet has put the emphasis on the largely unknown settler population that has a significantly higher fertility than their counterparts in Israel.
In the last article, we are interested in quantifying the impact of individual and contextual factors on Palestinian fertility in the West Bank and Gaza Strip. We thus specifically evaluate the impact of contextual variables (number of checkpoints and year of violent uprising) and nationalism (proportion of Jewish settlers living in the same district) associated with the conflict while controlling for various socioeconomic and demographic variables often used in fertility studies.
Even though the consequences of the conflict are often brought up as an explanation for the high Palestinian fertility, no research has tried to empirically test the validity of such hypotheses using survey data.
This thesis brings important contributions to the literature on fertility in this region. Indeed, it appears a though the usual determinants of fertility change do not seem to have an important effect on these populations. The inefficiency of such determinants can be partly explained by the consequences of the conflict. They led to an increased religiosity among many population groups, to a strong nationalist sentiment, and to institutions trying to alleviate most of the obstacles to fertility by generous fiscal incentives. In an uncertain social and political climate, traditional values such as family provide stability.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/19530 |
Date | 03 1900 |
Creators | Simard-Gendron, Anaïs |
Contributors | Bignami, Simona |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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