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Considérations conceptuelle, méthodologique et contextuelle du travail émotionnel : impacts sur le burnout, les troubles somatiques des soignants et les risques de maltraitance des patients. / Conceptual, methodological and contextual considerations about emotional labor : impacts on burnout, somatic complaints and mistreatments towards patients

L’objectif de cette recherche est de contribuer à mieux comprendre l’impact du travail émotionnel dans l’émergence du burnout et des troubles somatiques des soignants. Pour cela, le premier chapitre commence par exposer le concept de travail émotionnel, son histoire, son évolution et ses liens avec le burnout et les troubles somatiques. Tout en développant la critique sociologique du travail émotionnel d’Hochschild, nous exposons sa pertinence dans le contexte actuel de l’institution hospitalière. L’évolution du concept est ensuite présentée et nous proposons de nous focaliser sur l’approche intra psychique du travail émotionnel. Celle-ci privilégie trois composantes du concept : la dissonance émotionnelle, l’acting de profondeur et l’acting de surface. A partir de cette approche, notre revue de la littérature expose les liens de ces trois composantes au burnout, aux troubles somatiques et à la performance des salariés. Diverses problématiques associées à l’état actuel des connaissances portant sur le lien entre le travail émotionnel et la santé des salariés sont alors abordées et les chapitres suivants proposent d’apporter, par le biais d’études empiriques, des éléments de réponses à celles-ci. Le deuxième chapitre expose les problématiques liées aux limites méthodologiques des mesures actuelles du concept de travail émotionnel. Une mesure alternative est proposée : celle-ci distingue les deux processus de régulation jusqu’ici confondus dans la conceptualisation de l’acting de profondeur, à savoir la réévaluation cognitive et le déploiement attentionnel ; les deux stratégies de régulations expressives jusqu’ici confondues dans la conceptualisation de l’acting de surface, à savoir la suppression et l’amplification expressive des émotions. Enfin, ces processus de régulation ont clairement été dissociés de l’état de dissonance émotionnelle. Nos résultats présentent plusieurs intérêts. Premièrement, ils indiquent que la dissonance émotionnelle constitue la composante du travail émotionnel la plus fortement associée au burnout et aux troubles somatiques. Deuxièmement, cette étude révèle que les mesures actuelles de l’acting de surface et de profondeur englobent différents processus aux effets opposés sur le burnout. Alors que la suppression expressive des émotions est liée de façon positive au burnout, l’amplification expressive des émotions l’est de façon négative. Et si la réévaluation cognitive s’avère une stratégie de régulation négativement liée au burnout, le déploiement attentionnel apparaît plus délétère à la santé des salariés. Afin de déterminer la valeur ajoutée du travail émotionnel au modèle exigences-ressources, le troisième chapitre évalue les liens entre celui-ci et le burnout en prenant en considération différents stresseurs/ressources organisationnelles (exigences émotionnelles, charge de travail, justice organisationnelle…). Basées sur les principes du modèle exigences-ressources, les données indiquent que les composantes du travail émotionnel expliquent une part de variance importante du burnout et des troubles somatiques au-delà des parts de variance expliquées par les exigences et le manque de ressources organisationnelles. Puisque la dissonance émotionnelle joue un rôle prédominant dans l’émergence du burnout, le quatrième chapitre évalue dans quelle mesure la réflexivité des équipes de travail permet de modérer ses effets négatifs sur la santé des salariés. Les données indiquent que la réflexivité sociale modère les effets de la dissonance sur le burnout. Enfin, le chapitre cinq explore les liens entre le travail émotionnel, le burnout et la maltraitance des soignants vis-à-vis des patients. Les résultats confirment l’impact de la dissonance émotionnelle et du burnout sur les comportements de maltraitance. En effet, le burnout et la dissonance médiatisent les effets des stresseurs liés à l’environnement de travail sur la maltraitance. / The aim of this research was to better understand the links between emotional labor, burnout and somatic complaints. The first chapter constitutes a literary review that exposes the concept, its history, and its links with burnout and somatic complains: Hochschild’s sociological analysis of emotional labor is developed and its relevance to the hospital context is exposed. The evolution of the concept is then presented and we propose to focus on the intra psychic perspective of emotional labor which pays attention to three components of the concept: emotional dissonance, surface acting and deep acting. Based on this approach, we realized a literature review that exposed the associations between these three components and burnout, somatic complaints and job performance. Diverse problems associated with the comprehension of the impact of emotional labor on health outcomes are developed. The second chapter exposes the problems associated with the limitations of the measure used to evaluate the concept of emotional labor. An alternative measure is proposed: this one distinguishes the two emotion regulation processes included in the conceptualization of deep acting, which are, re-evaluation and attentional deployment. It also distinguishes the two expressive regulation strategies included in the conceptualization of surface acting, that are expressive suppression and expressive amplification. Finally, these emotion regulation processes are separate from the emotional dissonance state. Our results present several issues: First, they indicate that emotional dissonance is positively associated with burnout and somatic complains and that the variance part of these two variables are broadly explained by the emotional dissonance state. Second, they reveal that surface acting and deep acting measures include different processes with opposite effects on burnout: while expressive suppression is positively linked with burnout, expressive amplification is negatively related to it. Moreover, re-evaluation presents a positive impact on health outcomes while attentional deployment has a negative impact on them. The aim of the third chapter is to determine the added value of emotional labor to the job demands-resources model: links between emotional labor, burnout and somatic complaints were analyzed by taking into account different organizational demands and resources (emotional demands, workload, organizational justice…). Based on the job-demands-resources principles, our result show that emotional labor components explain a great part of burnout and somatic complaints beyond the parts of variance explained by demands and lack of resources. As emotional dissonance plays a determinant role in the burnout process, the fourth chapter examines to what extent reflexivity among work teams moderates its negative effects. Results indicate that social reflexivity moderates burnout induced by emotional dissonance. Finally, chapter five explores the links between emotional labor, burnout and mistreatments toward patients. Results confirmed the link between emotional dissonance and burnout on mistreatments. Indeed, burnout and emotional dissonance mediate the effects of stressors linked with the work context on mistreatment.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2014BESA1006
Date20 June 2014
CreatorsAndela, Marie
ContributorsBesançon, Truchot, Didier
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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