Si pour les ethnographes les mythes sont essentiels à la survie de toute société, cela pose problème quand on considère la Caraïbe et la rupture de l’esclavage. Une étude de la littérature antillaise réaliste merveilleuse nous montre que si les romans sont imprégnés par la spiritualité et le folklore, nous n’y trouvons aucun mythe des origines. Comment une société peut-elle subsister sans ces éléments fondamentaux ? Combinant une approche mythocritique à une mythanalyse des oeuvres d’auteurs antillais contemporains, nous émettons cette hypothèse : en s’inspirant de multiples héritages, ils se constituent une identité par la reconstruction de mythes spécifiquement
antillais.
Vu l’absence de romans antillais contemporains dans les études du magical realism et du réalisme merveilleux, notre première partie explore ce dernier concept pour en proposer une nouvelle catégorisation : le réalisme mystique. Notre deuxième partie examine les principes narratifs des romans en se demandant comment les auteurs parviennent à concilier un double héritage oralité/écriture et à sauvegarder leur identité. Notre dernière partie illustre enfin comment, par l’utilisation de schémas mythique spécifiques et un recentrement sur l’île natale, les textes mettent en place sa (re)mythisation.Cette étude permet la mise à jour de nouveaux paradigmes dans la littérature antillaise contemporaine. Elle montre comment le réalisme mystique est une modalité rattachée au magical realism qui, combinant réalisme historico ethnographique et folklore local, s’applique spécifiquement à la région des Antilles. Dépassant l’impossibilité théorique de transition de l’oralité vers l’écriture, nous révélons aussi que l’utilisation de l’ « oraliture » par les écrivains et le rôle de « guerriers de l’imaginaire » associé à certains d’entre eux propose une harmonisation oralité/écriture de même qu’une sauvegarde identitaire. Enfin, nous voyons qu’un certain nombre de romans réalistes mystiques proposent, outre une mise à distance de l’Afrique et de la France, un nouveau mythe originel centré sur la traversée de l’océan et un passage matriciel par la cale des négriers. Nous voyons également comment, loin de territoires d’acculturation comme les plantations, les auteurs développent une restructuration mythique de l’espace, notamment par une mise en valeur de la nature primordiale devenue propice à une renaissance identitaire.
Identifer | oai:union.ndltd.org:TORONTO/oai:tspace.library.utoronto.ca:1807/33825 |
Date | 05 December 2012 |
Creators | Sacré, Sébastien Richard Ghislain |
Contributors | Tcheuyap, Alexie |
Source Sets | University of Toronto |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
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