Cette étude propose d’utiliser la notion de mentalisation, soit la capacité qu’a un individu de percevoir et d’interpréter ses comportements et ceux d’autrui en fonction d’états mentaux (Allen & Fonagy, 2006), pour comprendre les difficultés que présentent les enfants hébergés en centre jeunesse et guider les interventions des éducateurs œuvrant auprès d’eux. De récents travaux documentent les liens existant entre les lacunes au sein de la capacité de mentalisation du parent et les traumas perpétrés dans la relation d’attachement avec son enfant (Allen, 2013; Slade, 2005; Slade, Grienenberger, Bernbach, Levy, & Locker, 2005). Ces traumas engendrent un développement altéré de la capacité de mentalisation chez l’enfant, lequel se lie à une autorégulation socioaffective déficitaire, marquée par l’agir et l’agressivité. Ces travaux suggèrent également qu’une intervention stimulant la reprise du développement de la capacité de mentalisation peut se traduire par une amélioration corollaire des mécanismes d’autorégulation, lesquels seraient alors opérés par la pensée plutôt que par l’agir (Gergely, 2003). En s’appuyant sur ces notions, un manuel d’interventions axées sur la notion de mentalisation destiné aux intervenants des centres jeunesse a été élaboré (Domon-Archambault & Terradas, 2012). Ce guide a été utilisé pour mener la formation des intervenants d’un centre jeunesse œuvrant auprès d’une clientèle d’enfants âgés de 6 à 12 ans. Le processus de théorisation et d’élaboration du manuel est décrit dans un premier article. Puis, l’évaluation préliminaire de l’efficacité de la formation s’appuyant sur ce manuel est abordée dans un deuxième article. Cette évaluation compare des mesures de la mentalisation prises chez les intervenants avant et après la formation. L’évaluation comprend également la comparaison des mesures, prises avant et après la formation, des difficultés émotionnelles et comportementales manifestées par les enfants vivant dans les milieux d’hébergement des centres jeunesse dans lesquelles ces intervenants travaillent. Bien que les résultats ne démontrent pas d’effet statistiquement significatif de la formation sur la capacité de mentalisation des éducateurs ciblés par celle-ci, les analyses statistiques effectuées attestent d’une réduction significative des symptômes dépressifs, des problèmes sociaux, de la somatisation, des troubles attentionnels de même que des troubles intériorisés totaux, suite à la formation, chez les enfants auprès desquels les éducateurs interviennent. Ces résultats confirment la possibilité d’adapter la compréhension et les interventions axées sur la mentalisation, étudiées par plusieurs auteurs chez une population adulte, aux enfants hébergés en centre jeunesse. Malgré les limites inhérentes à la nature exploratoire de l’étude, la réponse positive des intervenants suite à la formation de même que les impacts de celle-ci sur les difficultés comportementales et émotionnelles des enfants laissent croire qu’un tel projet serait pertinent à implanter et à évaluer de façon plus poussée en centre jeunesse.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/5433 |
Date | January 2014 |
Creators | Domon-Archambault, Vincent |
Contributors | Terradas Carrandi, Miguel |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Vincent Domon-Archambault, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ |
Page generated in 0.0022 seconds