La communauté nationale constitue le sujet d’analyse de départ de nombreuses études historiques contemporaines. Depuis la Révolution française, la nation, acteur légitimateur de l’État souverain, est considérée comme l’incarnation et l’expression d’une identité collective, elle-même composée de celle de la multiplicité des citoyens qui la constituent. Aussi, dès cette époque, les historiens se sont-ils attachés à édifier des histoires « nationales », coïncidant bien souvent avec une quête des éléments fondateurs essentiels de la nation. La doctrine élitiste et la tradition stato-nationaliste se sont longtemps conjuguées pour privilégier l’image de nations homogènes, faisant de ces histoires « nationales » en réalité l’histoire de la nation symboliquement majoritaire de l’État-nation censé représenter la diversité de ses citoyens. Or, la démocratisation et la diversification des sociétés occidentales ont progressivement invalidé ces postulats. Depuis la Deuxième Guerre mondiale la nécessité se fait ressentir de redéfinir la nation sur la base de la reconnaissance de son assise populaire et de la diversité de sa composition. Ce besoin se traduit par un intérêt croissant accordé aux minorités nationales, tant dans le monde politique que dans la communauté scientifique. Toutes les minorités ne bénéficient toutefois pas de cet élan, si bien que certaines restent encore largement ignorées à l’heure actuelle. Notre étude se penche sur deux d’entre elles :les francophones de Flandre et les anglophones du Québec, grands laissés pour compte des historiographies respectivement belge et canadienne. L’évolution de ces anciennes minorités dominantes, autrefois « définisseurs de situation » en Belgique et au Canada, est pourtant fondamentale pour comprendre les conflits linguistiques qui ont occupé (et occupent encore) ces pays. Elle est déterminante pour la forme que prennent les identités flamande et québécoise et, partant, les nations belge et canadienne. La comparaison de ces deux minorités permet, quant à elle, de cerner la complexité et la spécificité des nationalismes flamand et québécois. Partant du postulat que les nations sont des constructions sociales imaginées, cette étude a pour ambition de retracer les étapes de la formation nationale en Flandre et au Québec, en se concentrant sur le rôle de l’altérité dans celle-ci. Elle se focalise sur l’analyse des discours des minorités et des majorités dans ces régions, conçus comme des actes de définition identitaire interactifs et interdépendants. Elle se penche sur les villes d’Anvers et de Montréal, lieux de cristallisation des débats communautaires respectivement en Flandre et au Québec. Enfin, elle considère les périodes charnières au cours desquelles les majorités en ces régions se lancèrent à la « reconquête » de « leur » société, sanctionnant par là même la minorisation effective des francophones de Flandre et des anglophones du Québec. Ouvrant la porte d’un domaine laissé en friche, nous espérons ainsi donner une impulsion nouvelle à la recherche historique en Belgique et au Canada, en faisant (re)découvrir l’histoire de ces sociétés sous un angle inédit. / Doctorat en Histoire, art et archéologie / info:eu-repo/semantics/nonPublished
Identifer | oai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/209907 |
Date | 23 June 2011 |
Creators | Préaux, Céline |
Contributors | Jaumain, Serge, Van Raemdonck, Dan, Schreiber, Jean-Philippe, Piette, Valérie, Létourneau, Jocelyn, Sinardet, Dave |
Publisher | Universite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres – Histoire, Arts et Archéologie, Bruxelles |
Source Sets | Université libre de Bruxelles |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | info:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation |
Format | 1 v. (506 p.), No full-text files |
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