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L'idée de monde de la vie et la représentation du réel dans la fiction tardive de Virginia Woolf / the idea of the lifeworld and the representation of reality in virginia woolf's late fiction

Principalement analysée comme un retour à l’esthétique réaliste qui était celle de Virginia Woolf à ses débuts, la fiction tardive de l'écrivaine s’écarte radicalement de ses productions des années vingt et de leur modernisme affiché. La présente étude se propose de comprendre cet écart à travers le filtre de la mimésis : le basculement en jeu dans les œuvres tardives a à voir avec la représentation fictionnelle du réel et les inflexions que lui apporte Virginia Woolf au tournant des années trente. En effet, là où des textes comme Mrs Dalloway ou To the Lighthouse mettaient en scène un réel de l’intériorisation, un monde passé au crible de la conscience, les dernières œuvres de l'écrivaine adoptent une logique inverse et translatent l’intériorité à la surface même des choses et des événements. Ce déplacement inédit, qui « signe » la mimésis woolfienne tardive, nous semble par ailleurs devoir être mis en rapport avec un concept philosophique contemporain de la fiction tardive de Virginia Woolf, celui de « monde de la vie » ou Lebenswelt. Développé par Edmund Husserl dans son ultime ouvrage, La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, le Lebenswelt permet de penser une extériorisation de la vie subjective dans un monde qu’elle façonne à mesure qu’elle en fait l’expérience. À cet égard, les conceptions du réel qu’échafaudent au même moment Woolf et Husserl se révèlent être singulièrement proches. Cependant il s’agira moins ici d’appliquer le concept au texte, de comprendre le littéraire à travers le philosophique, que de mettre en place un dialogue « intertextuel » entre ces principes souvent concurrents : le Lebenswelt, loin de s’apparenter à une « réponse » aux questions soulevées par les textes de Woolf, peut au contraire nous aider à dégager la logique propre de la fiction tardive de l’écrivaine – tant et si bien que l’analyse du monde de la vie husserlien sera d’abord pour nous l’occasion de faire émerger un monde de la vie authentiquement woolfien. / Mainly analysed as a return to the realist aesthetics of her first novels, Virginia Woolf’s late fiction stands in stark contrast with her “high modernist” works of the 1920s. The present study suggests that such a reorientation is best understood when looked at through the lens of mimesis: the change affecting Woolf’s late fiction has to do with the representation of reality and with its alterations at the turn of the 1930s. Indeed, whereas texts like Mrs Dalloway or To the Lighthouse defined reality as the internalisation of the world, sieved through the consciousnesses of fictional characters, Woolf’s late fiction reverses this process by exporting the self directly to the outside world of things and events. Moreover, our intuition is that this unprecedented displacement, which comes to define Virginia Woolf’s last works, is to be compared with a philosophical concept emerging at the same time: Edmund Husserl’s Lifeworld. The Lifeworld, or Lebenswelt, theorised by Husserl in his last work, The Crisis of European Sciences and Transcendental Phenomenology, provides a conceptual framework in which the externalisation of subjectivity and its shaping of the outside world become conceivable. In this respect, Woolf and Husserl’s contemporary conceptions of reality appear particularly close. Our aim, however, is not to use the concept as a key for the text – nor will we analyse Woolf’s fiction from a philosophical standpoint. Instead of this, we intend to set up an “intertextual” dialogue between the often opposing principles of literature and philosophy: the Lifeworld, far from solving the questions raised by Woolf’s texts, is better conceived of as a catalyst destined to expose the underlying logic of Woolf’s late fiction. We thus take Husserl’s Lifeworld into account only inasmuch as its analysis paves the way for the discovery of Woolf’s own Lifeworld.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017MON30020
Date24 November 2017
CreatorsLe Brun, Xavier
ContributorsMontpellier 3, Reynier, Christine
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageEnglish
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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