Ce travail appréhende la théâtralité du jazz au moyen des instruments de l’analyse scénique et dramaturgique. Trois approches sont ici articulées. La première consiste à mettre en évidence la conception symbiotique de l’art qui a présidé à la genèse du genre. Issues d’un paradigme culturel étranger au principe d’autonomie esthétique et à la séparation catégorielle des beaux-arts, les pratiques performatives afro-américaines du temps de l’esclavage n’opèrent pas de distinction entre la sphère artistique et les préoccupations sociales, pas plus qu’elles ne dissocient les différentes modalités de l’expression poétique. Intrinsèquement théâtrales et résolument ancrées dans la réalité populaire, les scènes de la préhistoire du jazz préfigurent les développements d’un art qui n’eut de cesse de déjouer les représentations dominantes pour se légitimer. La seconde approche insiste sur la fonction réflexive des manifestations scéniques du jazz et notamment sur leur capacité à rendre compte des rapports de force qui structurent le champ social. Notre analyse retrace la manière dont le processus de légitimation s’est accordé avec une spécialisation de l’expression jazzistique en un genre musical. Dans l’approche dramaturgique qui clôt notre recherche, la performance apparaît comme une pratique ludique où s’invente un discours collectif dans une dynamique relevant à la fois de l’agonistique et de la coopération. Un tel jeu implique une tentative de dépassement de soi et du médium musical qui confine au tragique. À travers ces perspectives, notre thèse rend compte de la parenté qui unit ces deux arts en même temps qu’elle entend contribuer aux réflexions sur leurs récentes mutations. / This thesis captures the theatricality of jazz through the instruments of the scenic and dramaturgical analysis. Three approaches are articulated here. The first is to highlight the symbiotic conception of the art, which led to the genesis of the genre. Stemming from a different cultural paradigm with the principle of aesthetic autonomy and a categorical separation of Fine Arts, the Afro-American performance practices back to the slavery days does not distinguish between artistic sphere and social concerns, nor do they separate different forms of poetic expression. Inherently theatrical and firmly rooted in the popular reality, the scenes preceding the jazz history foreshadow the evolution of an art that never ceased to thwart the dominant representations to legitimize itself. The second approach emphasizes the reflective function of scenic jazz performances including their capacity to reflect power relations structuring the social sphere. Our analysis tracks how the process of legitimation went along with a specialization in jazz expression shaping a musical genre. In the dramaturgical approach to the phenomenon that closes our research, performances seems like a fun practice leading to a collective discourse and a dynamic that shows as much agonistic as cooperative. This kind of play implies an attempt to transcendent oneself and the musical medium that verges on the tragic. Through these intersected perspectives, our thesis reflects the deep relationship that unites these two performing arts at the same time it intends to contribute to the discussions on its recent changes
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA080040 |
Date | 08 June 2015 |
Creators | Horeau, Thomas |
Contributors | Paris 8, Amey, Claude |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0015 seconds